Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 17.djvu/756

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais ne voyez-vous pas, nous dit-on, que ce que vous demandez, c’est finalement la division dans les rangs du parti républicain ? — Ne comprenez-vous pas, répondrons-nous aux partisans quand même de l’unité, qu’une séparation nécessaire vaut infiniment mieux qu’une réunion factice d’élémens contraires qui n’ont de commun que le nom ? L’unité du parti républicain, dans le passé, pouvait être nécessaire pour mener une armée plus forte à l’assaut d’un gouvernement si funeste au pays. Et encore ne sait-on pas combien elle a compromis le succès de ses entreprises, même dans son rôle d’opposition ? Mais on sait surtout comment cette politique d’unité absolue a troublé, énervé, précipité du pouvoir le parti républicain devenu parti du gouvernement. Aujourd’hui que la force des choses et l’assentiment de pays lui a assigné ce rôle, comment pourrait-on songer à maintenir intacte et compacte l’union des trois groupes qui porte le même nom, avec des tendances si différentes ? Quand on voit des radicaux tels que MM. Naquet, Louis Blanc, Marcou, Lockroy, Clemenceau, Floquet, Tallandier, confondus avec des conservateurs comme MM. Thiers, Dufaure, Léon Say, Waddington, ou des libéraux comme MM. Jules Simon, Duclerc, Jules Favre, Picard, Jules Ferry, ne faut-il pas se demander ce que pensera d’une pareille union le pays, qui ne veut que la république de la constitution, et si le parti républicain ne fait pas beau jeu devant le suffrage universel aux journaux et aux partis hostiles à la république et à la constitution ? Et encore, si l’on tient à maintenir l’union absolue du parti républicain, pourquoi s’arrêter à MM. Louis Blanc et Naquet ? Est-ce que les malheureux qui ont commis le crime de déchaîner la guerre civile en face de l’étranger, et qui trouvent, sinon des apologistes, du moins des âmes compatissantes dans le parti radical, ne se disaient point les seuls vrais républicains ? Est-ce qu’ils n’ont pas les sympathies de la démocratie des grandes villes ? il y a donc des radicaux avec lesquels il faut se décider à rompre, quoi qu’en dise M. Gambetta. L’unité du parti républicain ainsi entendue, c’est la fin plus ou moins prochaine de la république. Voilà notre réponse à ceux qui nous reprocheraient de prêcher la division.

Nous ne cesserons donc de le répéter, le parti républicain qui veut la république constitutionnelle, ni plus ni moins, sauf les modifications accessoires dont l’expérience peut révéler la nécessité ou l’utilité, a une grande résolution à prendre en ce moment. Il me s’agit pas de dire aux compagnons de l’union républicaine, avec lesquels on a fait campagne pour la conquête de la république : « Tout en vous gardant notre estime et notre sympathie, nous ne voulons plus de vous parce que votre alliance nous serait désormais inutile ou nuisible. » Ce qui est à faire, c’est de formuler nettement, d’accord avec le gouvernement, le programme d’une politique de vraie