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trois heures par jour, et aucun mineur ne restait exposé à la chaleur plus de quinze minutes de suite. Selon le docteur Sanderson, les ouvriers, au moment où ils se retiraient dans l’air frais, semblaient, complètement épuisés, mais cet état de prostration cédait promptement à des allusions d’eau froide ; le témoin en conclut que ce genre de travail « n’est pas absolument incompatible avec la santé. « Il avait cependant appris que beaucoup d’ouvriers étaient forcés de renoncer à ces travaux après en avoir fait l’essai. Somme toute, il est convaincu de l’impossibilité du travail dans l’air humide, à une température égale à celle du sang (37 degrés), si ce n’est par reprises de très courte durée. C’est du reste l’avis des autres médecins consultés par les commissaires de l’enquête. M. Grosjean, dans une communication faite à l’Association française pour l’avancement des sciences, parle, il est vrai, d’une mine qu’il a exploitée lui-même, où il y avait 43 degrés dans les chantiers ; mais ce sont là certainement des exceptions qui ne peuvent servir de règle.

Il paraît démontré que la température que les ouvriers peuvent supporter dans les mines dépend beaucoup de l’état hygrométrique de l’air, et que les mines les plus profondes sont en général les plus sèches. La profondeur où la température de la terre atteindrait celle du sang (37 degrés) serait d’environ 1 kilomètre ; avec la méthode d’exploitation par longues tailles, on pourrait la dépasser de plus de 100 mètres, grâce à la différence de près de A degrés qui s’obtient entre la température de l’air et celle des couches du front de taille. Enfin il est à croire que des moyens de ventilation plus puissans permettront de pousser les exploitations à des profondeurs d’au moins 1,200 mètres.

En adoptant cette limite extrême pour la profondeur accessible, et en tenant compte pour chaque district des pertes qui ont lieu, soit par suite de méthodes d’extraction défectueuses, soit par suite de la nécessité où l’on se trouve d’abandonner des masses de houille comme barrages ou supports, — pertes qui dans certains cas dépassent 40 pour 100 du produit, — la commission a évalué en détail les quantités de combustible que renferment encore les divers bassins connus. Elle est arrivée ainsi, toutes déductions faites, et en négligeant les filons de moins de 30 centimètres d’épaisseur, à un total de 90 milliards de tonnes de houille que la Grande-Bretagne peut encore extraire de ses mines. Si l’on pouvait aller au-dessous de 1,200 mètres, on trouverait en plus dans les mêmes bassins 7 milliards de tonnes. On peut donc estimer l’approvisionnement de combustible des bassins connus du royaume-uni, en nombre rond, à 100 milliards de tonnes. Ces évaluations ne comprennent que les couches de charbon qui affleurent, ou dont des