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la nature des choses, tributaires de l’Angleterre et de la Belgique, véritables magasins de charbon établis à ses portes, en revanche d’autres districts pourraient facilement exporter du charbon. Notre importation, toujours assez considérable, est bien moins une preuve de l’impuissance des houillères françaises qu’une simple conséquence de leur situation géographique.

En dehors du groupe circulaire des bassins du, massif central, parmi lesquels les plus riches sont ceux de la Loire (Saint-Etienne et Rive-de-Gier), d’Alais et d’Aubin, d’Ahun et de Commentry, de Blanzy et du Creusot, la France possède le magnifique bassin de Valenciennes, qui est la continuation des gisemens belges, et qui, grâce surtout à l’activité prodigieuse de la compagnie d’Anzin, fournit déjà à lui seul plus du tiers de notre production. Une foule d’autres dépôts sont encore semés sur un grand nombre de points ; la Savoie notamment a d’abondans gisemens d’anthracite. Quelques-uns de ces gîtes carbonifères sont circonscrits par des roches plus anciennes, et tout à fait isolés ; mais beaucoup d’autres, comme ceux d’Alais, d’Aubin, de Blanzy, disparaissent sous des terrains plus récens, où ils s’épanouissent probablement en nappes dont il est difficile d’assigner les limites. Si l’étendue de ces terrains carbonifères est en rapport avec leur épaisseur, qui dépasse parfois 2,000 mètres, la richesse houillère de la France est peut-être beaucoup plus grande qu’on ne l’a cru jusqu’à présent.

Toutefois la disposition de nos bassins est médiocrement favorable à l’exploitation. On ne rencontre nulle part ces masses continues et compactes qui font la fortune des houilleurs anglais. En Angleterre, les couches de houilles sont généralement presque horizontales et fort régulières : elles n’offrent que de rares plissemens ; les seuls accidens fréquens consistent dans des failles, comblées parfois par des roches éruptives, et ne produisant que des rejets. Aussi n’emploie-t-on guère que la méthode des galeries et piliers (port and stall) ou celle, plus récente, des grands massifs ou longues tailles (long wall), qui tend de plus en plus à remplacer la première. En France, les dépôts ont été beaucoup plus tourmentés par les révolutions du sol ; les couches ont été inclinées en pentes rapides, elles offrent des plissemens multipliés, accompagnés de failles et de rejets, et la position presque verticale des plis fait croire souvent à des épaisseurs inusitées, d’où il résulte, dans toutes les recherches, une part très grande à faire à l’imprévu. La méthode suivie pour l’exploitation des couches d’épaisseur ordinaire est celle des galeries et piliers avec remblais. La méthode des longues tailles, que la consistance des roches du plafond permet de généraliser en Angleterre, est déjà ancienne en France, mais elle a dû