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du Northumberland et du Durham, que traverse la Tyne et qui borde la mer sur une longueur de 40 kilomètres, au nord et au sud de Newcastle ; c’est un des gisemens les plus riches du globe ; — ceux du Yorkshire et du Lancashire, qui ont donné la vie à des centres industriels comme Leeds, Sheffield, Manchester, Liverpool, — ceux du pays de Galles, où le terrain houiller acquiert une épaisseur totale de plus de 3,000 mètres et renferme 100 veines dont 25 sont exploitables, — enfin le groupe des bassins du Staffordshire, qui compte plus de 400 mines, et qui alimente les nombreuses fabriques de poteries ou de faïences ainsi que les usines métallurgiques de cette région, où s’étalent des villes manufacturières comme Wolverhampton et Birmingham. C’est ici le « pays noir, » couvert et enveloppé de poussière de charbon, illuminé la nuit par les feux des innombrables hauts-fourneaux, fonderies, forges, qui donnent à cette contrée l’aspect d’un atelier de Cyclopes. Plusieurs de ces bassins ont une superficie qui dépasse 2,000 kilomètres carrés, et la longueur totale de la bande sur laquelle sont semés ces dépôts est d’environ 500 kilomètres ; cependant ils sont loin de représenter toute la richesse houillère de l’Angleterre, car à la limite des bassins connus les couches s’enfoncent sous des formations plus récentes, et tout porte à croire que ces bassins sont reliés entre eux par des couches profondes qui doublent l’étendue totale des gisemens.

Les bassins écossais sont moins vastes ; mais on y trouve cette houille précieuse, si recherchée pour la fabrication du gaz, qu’on nomme boghead, du nom du village où a lieu l’extraction, et le cannel-coal (charbon-chandelle), qui s’allume avec une flamme vive et brillante[1]. L’Irlande seule est déshéritée : bien que la plus grande partie de sa surface soit composée de calcaires carbonifères, ce terme, par lequel on désigne la roche qui supporte généralement le terrain houiller, ressemble ici à une amère ironie, car, à une époque reculée, les flots de la mer ont dénudé ces terrains et lavé les dépôts qui s’y trouvaient entassés : il en reste à peine quelques traces, qui ne représentent pas un millième de la richesse houillère du royaume-uni. Par compensation, l’Irlande possède des tourbières aussi vastes que celles de l’Ecosse.

Si nous comparons à cette opulence les gisemens houillers de la France, dont l’étendue connue est cinq fois moindre que celle, des bassins anglais, il devient évident que la lutte ne pourrait être soutenue sur le pied d’égalité. Cependant la France est assez riche pour suffire à ses besoins, car, si certaines de ses régions sont, par

  1. De ces deux variétés de houille, la Grande-Bretagne produit respectivement 100,000 et 1,500,000 tonnes par an. En 1869, la tonne de boghead se vendait 90 ou 100 francs sur le carreau, quand le prix moyen de la houille ordinaire était de 10 fr.