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car un titre de l’abbaye de Peterborough, doté de 852, parle de la réception de douze charrettes de « charbon de fosses » M. Edward Hall croit même avoir démontré qu’on brûlait déjà du charbon de terre dans la Grande-Bretagne pendant la domination romaine. En 1238, des affleuremens de bouille ayant été découverts dans les environs de Newcastle-on-Tyne, près d’un château que possédait Henri III, ce prince permit aux habitans d’en entreprendre l’exploitation, et peu de temps après on expédiait de la houille à Londres. En 1325, un navire français apporte un chargement de grains à Newcastle et s’en retourne avec un chargement de charbon : -c’est le plus ancien document sur l’exportation de la houille anglaise.

Cependant l’épaisse fumée que produisait ce combustible donna lieu à tant de plaintes que l’usage en fut pendant quelque temps sévèrement prohibé à Londres. Cette interdiction ne pouvait durer. Partout on trouvait de nouveaux gisemens, des mines s’installaient, et la couronne commençait à en imposer le produit. Dans le voyage qu’il fit en Écosse, au commencement du XVe siècle, Æneas Sylvius, qui plus tard fut pape, sous le nom de Pie II, vit avec étonnement des mendians presque nus, après avoir reçu quelques pierres aux portes des églises, s’en aller tout joyeux ; « ce genre de pierre, dit-il, contient du soufre ou du bitume, et se brûle en guise de bois dans cette contrée, qui en est dépourvue. » Vers 1600, la houille, qui jusqu’alors n’avait été consommée que par les brasseurs, par les forgerons et pour les usages domestiques, commença d’être utilisée pour la fabrication du fer ; cependant des échecs répétés firent bientôt abandonner cette application et ce n’est qu’un siècle et demi plus tard qu’on y revint avec succès. L’essor de l’industrie métallurgique, dont la houille est l’aliment vital, ne date vraiment que de l’introduction générale de l’usage du coke (1780), et c’est là aussi le point de départ du développement extraordinaire qu’a pris le commerça du charbon.

En France, il existait dès les premières années du XIVe siècle des mines d’où l’on tirait du charbon de terre. Un document de 1321 nous apprend que les seigneurs « des contrées de la Loire » s’étaient attribué un cens sur toutes les mines de charbon trouvées dans les limites de leur territoire. Dès cette époque, les mines de Saint-Étienne alimentaient des fabriques d’armes. On voit aussi, dans des actes du XVIe et du XVIIe siècle, que les seigneurs de Montcenis, de Plessy et de Torcy se réservaient le tiers, quelquefois les deux tiers des bouilles extraites dans leurs domaines, qui étaient situés dans le bassin de Saône-et-Loire. Néanmoins le charbon de terre qui se consommait à Paris arrivait d’Angleterre et se vendait au port de l’École ; c’est en 1660 seulement que les charbons français