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à soutenir, tant sur notre littoral qu’à l’étranger, la concurrence des charbons anglais, pourquoi elles étaient incapables de fournir à la marine marchande le fret de sortie qui lui manque. Y avait-il lieu d’espérer que, par des mesures appropriées, ce fâcheux état de choses pourrait être changé ? Pendant trois années, M. de Ruolz a donc visité les principaux centres houillers de la France et de l’Angleterre, ainsi que tous les ports maritimes de l’Océan et de la Méditerranée ; il a recueilli les renseignemens les plus précis et, réuni d’immenses matériaux. Les résultats de cette enquête, poursuivie à travers mille obstacles, sont enfin sous les yeux du public ; ils remplissent trois gros volumes in-quarto, dont le dernier est un atlas de statistique, et qui ont paru de 1872 à 1875. Si des causes diverses ont retardé le commencement d’une publication qui était ordonnée dès 1870, se retard a été mis à profit pour enrichir l’ensemble de l’œuvre d’une foule de faits nouveaux. Les vicissitudes par lesquelles le commerce du charbon a passé pendant l’impression des trois volumes s’y reflètent dans des annotations et des appendices qui animent ces pages en donnant parfois aux conclusions de l’auteur quelque chose de plus persuasif et de plus frappant.

On sait qu’en 1872 une hausse, jusqu’alors sans exemple par la soudaineté comme par les proportions, s’est produite sur les houilles en Angleterre. En peu de mois, le prix du charbon a doublé, triplé même, et cette hausse a eu son contre-coup en Belgique et en France. La crise qui en est résultée a fait en 1873 l’objet des études d’une commission parlementaire anglaise, et d’une commission d’enquête nommée par l’assemblée nationale, dont le rapport a été déposé le 22 janvier 1874 par l’honorable M. Ducarre. La lecture de ces divers documens suggère de graves réflexions. On sent que de grands progrès pourraient être accomplis, si la portée des questions multiples que soulèvent la production, la consommation et l’exportation du charbon minéral, et surtout les rapports étroits de ces questions avec celle de la marine marchande, étaient mieux connus. Peut-être réussirons-nous à mettre en lumière, quelques-uns des points les plus importans de la question des houilles, en prenant pour guide les hommes autorisés qui ont approfondi l’étude de ces problèmes.


I

Si la Grande-Bretagne n’est pas le pays du globe où la houille a été le plus anciennement utilisée comme combustible, puisque les Chinois en connaissent l’usage de temps immémorial, il est du moins certain que dès le IXe siècle le charbon de terre y était employé,