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l’avenir seront rédigés par écrit sous la surveillance des sous-inspecteurs. Une somme sera prélevée sur le salaire convenu, déduction faite des frais d’entretien personnel, et versée à la caisse d’épargne au nom de l’enfant. On s’efforce de lui créer ainsi un petit pécule dont la première mise de fonds est parfois une somme de 50 francs allouée à titre de récompense au nourricier qui a élevé un enfant jusqu’à l’âge de douze ans, et qui est presque toujours abandonné par lui au profit de l’enfant. Les professions auxquelles sont destinés les élèves de l’assistance publique sont généralement des professions manuelles ou agricoles. Cependant, si quelque enfant dénote une intelligence ou des dispositions particulières, on s’efforce de lui ouvrir l’accès d’une carrière libérale, et on applique aux frais de son éducation le produit de certaines fondations. Plusieurs élèves de l’assistance publique ont pu entrer ainsi dans l’enseignement primaire, dans les pharmacies des hôpitaux, et l’un même au séminaire.

Quelle est, en résumé, et c’est là que je voulais en venir, l’existence qui attend les enfans assistés du département de la Seine ? Il faut se garder à ce sujet de toute illusion en bien comme en mal. Quoi qu’on fasse, cette existence sera toujours triste. Sans doute on pourra citer l’exemple de tel ou tel enfant qui aura fini par trouver une famille véritable dans sa famille adoptive, qui aura épousé son frère ou sa sœur de lait, ou qui aura été choisi par ses nourriciers comme légataire universel. On pourra citer aussi des exemples du dévoûment et de l’affection de certains nourriciers pour leurs élèves. J’ai moi-même été témoin et confident du désespoir d’une femme à laquelle l’Assistance publique avait cru devoir, à la suite de revers de fortune, retirer son pupille, et qui ne pouvait obtenir même de ses nouvelles, comme si elle eût été sa mère et l’eût volontairement abandonné. Mais ce ne sont là que des exceptions, et il ne faut pas se dissimuler que l’avenir qui attend le plus grand nombre de ces enfans n’est pas très riant. Ce serait cependant tomber dans un excès opposé que de les croire fatalement voués à une vie de misère et d’inconduite. C’est une opinion généralement répandue que les élèves de nos hospices, garçons et filles, vont en grand nombre les uns grossir la population des établissemens pénitentiaires, et les autres allonger les registres de la prostitution. Il y a là une exagération que les résultats de l’enquête de 1860 auraient du en partie détruire. Sur 52,595 détenus que renfermaient en 1860 les établissemens pénitentiaires de toute nature, 1,206 seulement étaient d’anciens élèves des hospices, ce qui donne la proportion assez faible de 2,23 pour 100. En ce qui concerne les élèves des hospices inscrites sur les registres de la prostitution, leur nombre s’élevait (autant qu’un pareil relevé peut présenter de certitude) à