Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 17.djvu/439

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leurs devancières à un niveau d’instruction supérieure, sont destinées à en prendre peu à peu la place, ou, pour mieux dire, les fermes-écoles se transformeront en écoles pratiques, suivant les besoins des populations. Elles devront donner à la grande culture les auxiliaires instruits et habiles qui trop souvent lui manquent, l’équivalent des stewarts ou des verwalter des exploitations d’Angleterre et d’Allemagne, et à la petite ou moyenne culture, qui domine en France, des cultivateurs ayant l’esprit ouvert aux inventions modernes, sachant employer les procédés et l’outillage que la science agricole emprunte à l’industrie. Voilà les résultats qu’il convient d’attendre des écoles pratiques et des fermes-écoles ; et, ne l’oublions pas, c’est par elles seulement que les fils des paysans peuvent recevoir une instruction sérieuse, et non, comme on l’a proposé, par les instituteurs primaires. Les instituteurs ne peuvent tout savoir ni tout enseigner. D’ailleurs comment auraient-ils, en face des pères de famille, des hommes du métier, une autorité suffisante pour combattre les pratiques vicieuses ? Tout au plus faut-il leur demander de donner quelques notions de science vulgaire, d’apprendre aux enfans, dans le jardin de l’école, des élémens d’arboriculture ; mais là, ou à peu près, doit se borner leur rôle.

Si les écoles pratiques et les fermes-écoles sont les établissemens primaires de l’agriculture, on peut dire que les écoles régionales en sont les collèges ou les lycées. Nous voici en présence d’un type d’institution essentiellement différent. Ce ne sont plus ici de simples cultivateurs, petits propriétaires ou métayers, ouvriers ruraux, modestes artisans de l’industrie agricole, qu’il s’agit de préparer, ce sont les chefs mêmes de cette industrie ; ce qui leur convient, ce n’est donc point l’apprentissage élémentaire et exclusivement pratique des fermes-écoles ; il faut un enseignement relevé où à la pratique se joigne la théorie. Dans les fermes-écoles, le personnel enseignant se réduit à trois ou quatre agens spéciaux qui forment les jeunes ouvriers en dirigeant leurs travaux : un chef de pratique, un jardinier-pépiniériste, un vétérinaire, un comptable, parfois un berger ou un magnanier, ou un vigneron, selon la culture caractéristique de la contrée, tandis que, dans les écoles régionales, nous rencontrons des professeurs véritables, un par section d’études, et ces sections sont au nombre de six. A chacune des chaires est adjoint un répétiteur ; mais ces cours seraient fort insuffisans sans les exercices de la ferme. Les élèves suivent les travaux de l’exploitation, et en une certaine mesure y prennent part, mais tandis que, dans la ferme-école, les apprentis font besogne d’ouvriers, dans l’école régionale on accoutume à l’art et à la responsabilité du commandement des jeunes gens qui