Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 17.djvu/437

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

c’est-à-dire ceux qui en auraient le plus besoin. Toutefois il ne saurait être mauvais d’intéresser peu à peu les conseils-généraux au sort de ces établissemens, et progressivement, à mesure que l’esprit public se développe et comprend mieux la nécessité de l’instruction, de les habituer à intervenir dans la dépense et dans la surveillance des fermes-écoles. On a commencé de le faire par la loi du 30 juillet 1875, qui tend à modifier sensiblement cette branche de notre enseignement agronomique.

La loi du 30 juillet 1875 a maintenu, avec quelques changemens, l’institution des fermes-écoles, mais elle a créé, entre ces établis-mens et les écoles nationales, telles que Grignon, un troisième degré, une catégorie intermédiaire : les écoles pratiques. Quel est l’objet de ces écoles nouvelles ? C’est proprement d’offrir une instruction primaire supérieure qui devient nécessaire dans les régions où la culture est le plus avancée. Aux localités arriérées, la ferme-école suffit encore ; elle peut donner des leçons et des exemples profitables ; dans les départemens qui sont parvenus à une culture plus savante, elle perd son influence et son utilité. Il y a dans ces régions des fils de petits cultivateurs ou de fermiers aisés qui devront être un jour fermiers eux-mêmes, propriétaires ou chefs de culture dans de grandes exploitations : à ceux-là, les fermes-écoles, par leur organisation rudimentaire, n’apprendraient rien ; et, d’autre part, l’enseignement des établissemens supérieurs de Grignon, Grand-Jouan, Montpellier, trop scientifique et trop coûteux, ne saurait leur convenir. Ce qu’il leur faut, c’est une instruction intermédiaire, essentiellement technique, pratique toujours, mais plus relevée que celle qui suffit aux ouvriers ruraux des fermes-écoles. Il y avait donc là une lacune que le législateur de 1875 a eu surtout en vue de combler. Quant aux principes de l’organisation, les deux types d’établissemens diffèrent peu. Les écoles pratiques sont également des exploitations privées dont la responsabilité est entièrement abandonnée au propriétaire ou fermier qui les régit. La différence, la voici : dans les fermes-écoles, les apprentis ne paient rien ; ils sont entretenus et défrayés de tout par le directeur ou plutôt par l’état ; dans les écoles pratiques au contraire, les élèves paient une pension ; de là pour l’état une économie qui a été évaluée, dans chaque établissement, à 4,000 francs (la subvention totale n’étant plus en moyenne que de 14,000 francs au lieu de 18,000). L’état, il est vrai, garde à sa charge le traitement du directeur et la rétribution du personnel enseignant ; mais les départemens, outre une partie des bourses qu’ils fournissent, sont tenus de subvenir aux frais d’installation. Cette dernière condition est d’une importance extrême : il est indispensable que les domaines où les écoles seront