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attachée une école analogue à notre École centrale (technical school), dont le directeur et les professeurs sont Anglais. Construite sur de vastes proportions par un de nos compatriotes, M. de Boinville, et dirigée avec lumière par M. Dyer, elle possède actuellement 250 élèves et pourra, quand elle sera terminée, en contenir 360. Onze professeurs anglais, auxquels sont adjoints des instructeurs pratiques, y enseignent ou y enseigneront les mathématiques élémentaires et spéciales, la physique, la chimie, la mécanique, la topographie, la construction, la télégraphie, la minéralogie, la géologie, la métallurgie : vaste programme, trop vaste même pour le personnel restreint qui est chargé de le mettre en œuvre. Le cycle complet des études comprend six années, dont deux sont employées à des travaux pratiques poursuivis dans des ateliers de métallurgie dépendant de l’école elle-même. Cet enseignement devra fournir des ingénieurs des mines et des constructions navales, des mécaniciens, des arpenteurs, des architectes ; c’est l’un des plus utiles et des mieux organisés qui soient à Yeddo. Il convient de nommer après cette école celle des mines, qui possède une trentaine d’étudians confiés à des maîtres allemands ; puis viennent les écoles placées près des arsenaux maritimes et militaires.

Les jeunes gens travaillent avec ardeur dans ces différentes branches et profitent avec une facilité remarquable des leçons qu’ils entendent ; la mémoire est leur faculté prédominante ; le raisonnement n’est pas toujours à la même hauteur, mais rien n’empêche d’espérer que l’esprit de méthode se formera chez eux sous le joug des procédés scientifiques de l’Occident. Ils fourniront plus tard à leur pays des hommes compétens dans toute sorte de connaissances. Malheureusement beaucoup d’entre eux, pressés de gagner le pain quotidien, abandonnent leurs études à moitié chemin et se découragent d’une préparation au bout de laquelle ils n’entrevoient avec certitude aucune position fixe. Ils n’ont pas, comme dans nos écoles normale et polytechnique, la perspective assurée d’une carrière au sortir des épreuves finales ; les fonctions publiques, surtout les plus relevées, sont données, non pas comme en Chine, au grade, mais encore à la faveur ou à la naissance, et mille considérations peuvent ouvrir les places aux incapables, tandis qu’elles restent fermées aux plus instruits.

Il n’est pas moins intéressant de considérer les progrès de l’enseignement dans les écoles de filles ; celles-ci ont de tout temps été nombreuses, mais resserrées dans d’étroits programmes ; on songe aujourd’hui à en élargir le cadre. Elles ont reçu un puissant encouragement de la jeune impératrice, qui, non contente de contribuer pour 5,000 ryos sur sa cassette à la construction d’une école normale, a voulu présider elle-même à l’ouverture des cours ; elle a