tout temps fonctionné régulièrement au Japon ; il n’a subi d’autres modifications que l’emploi des timbres-poste et de cartes postales ; le tarif est peu élevé et l’exactitude ne laisse rien à désirer ; quant à la rapidité, elle est mesurée aux moyens employés, les seuls possibles jusqu’à présent, c’est-à-dire les relais de coureurs sur les principales routes.
Les communications par mer sont de deux sortes : le petit cabotage a lieu par des jonques qui n’ont rien modifié depuis trois siècles à leur gréement ni à leurs allures, irrégulières comme le vent qui les pousse ; la navigation à vapeur prend chaque jour plus d’extension ; une foule de petits steamers, débris européens d’une construction souvent fort médiocre, sillonnent l’océan le long des côtes, transportant d’un port à l’autre des marchandises et des passagers. Presque toutes ces entreprises se sont fondues dans une grande compagnie, la Mitsu-Bishi. Celle-ci, soutenue par le trésor, a entrepris contre la ligne américaine de Yokohama à Shanghaï une concurrence de prix telle que pendant quelques mois on a pu faire pour 100 francs cette traversée, plus longue que celle de Marseille à Constantinople. Quand on a été las des deux parts, la compagnie américaine à vendu ses bateaux et cédé ses officiers à la compagnie rivale, et c’est aujourd’hui sous pavillon japonais que l’on peut se rendre en Chine. Les prix ont été relevés, mais le trafic assez faible ne permettrait guère à la compagnie propriétaire de 49 steamers de réparer des pertes énormes, si elle n’était soutenue par un gouvernement fier de posséder une ligne de bateaux à vapeur et de porter les correspondances européennes entre Chine et Japon, sous son propre pavillon.
Si la création et l’encouragement des voies de communication appartiennent d’une façon plus ou moins directe au gouvernement, c’est à regret qu’on le voit se mêler presque seul d’exploitations agricoles et industrielles, que les particuliers n’osent aborder, faute d’initiative ou de capitaux, ou plus encore faute de cette sécurité que le capital demande partout avant de se risquer. Le principal des établissemens de ce genre est celui du kayetakushi ou département colonial, qui s’est proposé pour but les encouragemens à l’agriculture. A sa tête se trouvait un général américain, M. Capron, qui a quitté le Japon à l’expiration de son engagement. Il y a deux centres d’exploitation : l’un, à Yeddo, n’est qu’une ferme-modèle, modèle de propreté plutôt que d’administration, car elle coûte beaucoup plus cher qu’elle ne rapporte. Elle fournit du lait, des légumes, des graines, et fait des essais de culture et d’élevage ; l’autre, véritable établissement colonial, a été placé au milieu de l’île de Yéso et représente l’une des plus folles tentatives des dix dernières années. Au centre d’un pays toujours détrempé par la