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désintéresser de ce qui concerne les beaux-arts. L’histoire de l’art, de ses diverses écoles, de ses vicissitudes, de ses relations avec l’état intellectuel et moral de chaque période, forme toute une science représentée dans plusieurs pays étrangers non pas seulement, comme chez nous, par des publications nombreuses, mais aussi par des chaires consacrées à cet enseignement spécial. Les beaux-arts ont eu d’ailleurs en Italie un si célèbre et si vaste développement, ce développement a été d’un si grand intérêt pour la France, qu’il est bien à propos que, dans le vaste cadre d’une École française d’érudition à Rome, cette branche particulière figure. M. Eugène Müntz, qui la représentait, a, pendant l’année 1875-1876, achevé ses études sur les mosaïques chrétiennes d’Italie du IVe au IXe siècle, ouvrage considérable, dont plusieurs parties sont très nouvelles, et qui a déjà été signalé au monde savant par les rapports de M. Egger et de M. Heuzey, lus en séances publiques de l’Institut. Un tel livre viendra fort à propos au moment où l’administration des beaux-arts se préoccupe d’organiser en France, comme on l’a fait en Angleterre et en Russie, une nouvelle école de mosaïstes. Le succès de la mission si bien remplie à Rome par M. Gerspach, il y a quelques mois, a vivement intéressé l’esprit public ; mais la question est fort complexe, il y a des traditions à reprendre avec une sage mesure. Une histoire raisonnée de l’ancienne mosaïque chrétienne sera pour tout le monde, à cette occasion, un précieux guide.

Le principal travail de M. Müntz, pendant cette année-ci, a consisté à recueillir les documens inédits d’une histoire des arts italiens à la cour des papes pendant la seconde moitié du XVe et la première du XVIe siècle. Il a surtout interrogé dans ce dessein la très utile série des registres de dépenses de la cour pontificale, aujourd’hui épars en diverses archives italiennes et à la Vaticane, source abondante et sincère, à laquelle un érudit allemand, M. Zahn, avait commencé de puiser, que d’autres, tels que M. Gregorovius et M. de Reumont, invoquent fréquemment. M. Müntz, qui d’ailleurs a mis à contribution beaucoup d’autres documens d’archives jusqu’à lui presque inaccessibles et fort peu connues, a dépouillé un très grand nombre de ces registres ; il a disposé la vaste série de ses informations (653 pages) par pontificats, depuis l’avènement de Martin V, en 1417, jusqu’à la fin d’Alexandre IV, en 1503. En tête de chaque pontificat il place une introduction résumant ses extraits, qu’il dispose ensuite en diverses catégories : Fêtes du couronnement, Basiliques et Palais, Principaux monumens de Rome, Travaux publics ; il énumère ensuite les différens arts, architecture, sculpture, peinture, orfèvrerie, etc., et sous chacune de ces catégories il dispose les innombrables indications sur des ouvrages ou des artistes tantôt fort connus déjà et d’autant plus intéressans en tout