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jusqu’à Soli et Tarse. L’expédition est heureusement achevée depuis quelques jours, malgré une chaleur de 50 à 60 degrés, diversion dangereuse à des dangers d’autre sorte, à travers une région désertée par les habitans des villages. Elle nous aura valu plusieurs centaines d’inscriptions inédites, quelques informations sur deux villes antiques jusqu’à présent, ce semble, inconnues[1], de nombreux plans et dessins de tombeaux, de bas-reliefs, de monumens votifs, de sculptures sur les rochers, comme M. George Perrot en a signalé de si curieuses dans le reste de l’Asie-Mineure. — Cela dit, nous n’avons pas encore énuméré tous les divers travaux accomplis par M. l’abbé Duchesne : par sa vive intelligence, par la sûreté de sa science critique, par son habileté de paléographe et d’helléniste, avec cela par son dévoûment, par son excellent esprit en tout, il a contribué pour sa large part aux heureux commencemens de l’École française de Rome.

L’étude des institutions romaines soit par la comparaison des textes classiques, soit avec le secours de l’épigraphie, est une des parties de la science dans lesquelles l’École française de Rome paraît appelée à rendre le plus de services. M. Bloch a choisi ce domaine, où l’on peut prédire qu’il y sera bientôt reconnu comme un maître. Il avait traité en premier lieu de la loi Ovinia qui, entre les années 366 et 344 avant Jésus-Christ, transporta la nomination des sénateurs du consul patricien au censeur, en obligeant dans une certaine mesure ce dernier à choisir d’anciens magistrats, ce qui établissait l’égalité entre les deux ordres. Il avait examiné ensuite l’allectio, mode de recrutement du sénat pratiqué sous l’empire, par suite du droit conféré au prince, à partir des Antonins, d’appeler au sénat et d’élever aux plus hauts degrés de la hiérarchie sénatoriale des personnages par lui désignés, puissance excessive sans doute, mais qui permettait d’ouvrir les rangs de la haute assemblée à des magistrats sortis des municipes. Cette année, M. Bloch a envoyé un commentaire de certaines inscriptions qui sont de vrais cursus militaires. Il y touche le sujet général des règles de l’avancement et de la hiérarchie dans les armées romaines ; il y traite spécialement des rapports hiérarchiques des centurions entre eux ; il y recherche le sens et la valeur de ces titres : princeps legionis, princeps prœtorii, qui sont affectés au deuxième centurion de la légion romaine ; il y examine quelques passages obscurs de Végèce sur l’armement de la légion. Ces études forment une suite naturelle à ses travaux sur les institutions civiles.

Les antiquités grecques, grâce à l’affinité et à la parenté des deux mondes, sont mêlées de toutes parts en Italie aux antiquités

  1. Ormèlè, et Colonia Julia Olbasena, celle-ci peut-être nommée sur les médailles.