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conférence internationale qui eut lieu à Paris pendant l’exposition universelle de 1867, à l’occasion de laquelle de toutes les parties de l’Europe et du monde on s’était donné rendez-vous dans cette capitale. Le prince Napoléon en était le président et en remplit effectivement les fonctions. Elle tint huit séances du 17 juin au 6 juillet. On y traita principalement la question d’une monnaie universelle qui devait faciliter et simplifier les échanges internationaux, dont l’accroissement était rapide. L’opinion y fut presque unanime en faveur de l’or pour étalon unique, quoique à ce moment l’argent n’éprouvât aucune dépréciation et qu’il eût plutôt une prime relativement à la proportion de 15 1/2 d’argent considérée comme l’équivalent de 1 d’or.

La guerre de 1870-71 empêcha de donner une suite quelconque à l’enquête du conseil supérieur, terminée juste au début des hostilités. Sans cela, il est vraisemblable qu’il aurait été procédé alors à la réforme du système monétaire, conformément aux conclusions du conseil. Le commissaire-général estimait dans son rapport qu’il restait en France, à l’époque de l’enquête, 1 milliard 1/2 de francs en pièces de 5 francs en argent. Si l’on eût admis provisoirement que ces pièces continueraient d’être reçues en paiement jusqu’à concurrence de 100 francs, il en aurait été peu rapporté au trésor, et les frais de la démonétisation, — en appelant ainsi le fait de dépouiller les pièces d’argent du droit de solder les dettes sans limite, — eussent été très médiocres, la dépréciation de l’argent étant encore insensible à la fin de 1870.

Après le rétablissement de la paix, le gouvernement français dut consacrer son attention et ses efforts à panser beaucoup de blessures de toute sorte. Cependant la question des monnaies d’argent vint bientôt s’imposer à lui, à cause des inquiétudes que conçurent quelques-uns au moins des états membres de l’union latine, et nommément la Belgique. La baisse de l’argent se prononçait plus fortement. En 1872, elle fut de 3 pour 100, ce qui n’était guère, mais en 1873 elle s’accentua davantage, et il y eut dès lors un. intérêt très appréciable à importer pour les faire monnayer des lingots d’argent dans les états de l’union latine, puisque ces états s’étaient enchaînés à observer dans leurs monnaies, entre l’or et l’argent, le rapport exprimé par le nombre 15 1/2 désormais relégué dans les catacombes de l’histoire. C’était le cas de reprendre vite, pendant que le mal avait encore des proportions restreintes, les conclusions de l’enquête du conseil supérieur du commerce, en adoptant résolument l’étalon unique d’or et en faisant à l’argent un sort transitoire. Mais en France l’administration des finances avait, sans bien savoir pourquoi, et de vieille date, le culte du double étalon et une admiration mystique pour le nombre 15 1/2. L’influence des