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et plusieurs de ses parens, qui ont à peu près son âge, sont élevés avec lui. Aussi le rapport conclut-il qu’à l’époque de sa majorité, en 1879, la principauté pourra être remise à un souverain indigène, digne d’y poursuivre l’œuvre de la régénération.

La seule présidence de Bombay comptait naguère dix-neuf états natifs à qui la minorité du souverain a valu ainsi les avantagés d’une intervention anglaise. Ce sont également trois mineurs qui occupent aujourd’hui les trônes les plus importans de l’intérieur : le nizam du Deccan, le guaikwar de Baroda et le maharajah du Mysore. Quand ce dernier prince, dont on dit le plus grand bien, atteindra l’époque de sa majorité, « il trouvera, dit le Mysore administration Report, un trésor florissant et un revenu foncier complètement organisé ; il est rare qu’un souverain ait pris les rênes du gouvernement sous de meilleurs auspices. » A Hayderabad et à Baroda, l’administration est respectivement dirigée par les deux ministres les plus renommés de l’Inde indigène, ici par Mandhava-Rao, qui est en train de réparer les brèches faites aux revenus de l’état par les désordres du dernier guaikwar, là par sir Salar Jung, qui personnifie l’influence de la civilisation à la cour du nizam et qui, en ce moment même, fait le tour de l’Europe avec une suite nombreuse. — Lorsque l’Angleterre est amenée à intervenir dans l’organisation intérieure d’un état indigène, que ce soit par la minorité ou par la suspension du souverain, elle suit ce principe que l’administration doit être dirigée tout entière par l’intermédiaire d’agens natifs, se réservant toutefois le droit de les choisir indistinctement dans toute l’Inde. Ainsi, avant d’être appelé à régir le royaume des guaikwars, Mandhava-Rao, qui est un natif du territoire britannique et un gradué de l’université de Madras, avait fait ses preuves dans l’administration du Travancore, qui, depuis son passage au pouvoir, a la réputation d’être l’état le mieux gouverné de l’Inde. D’ailleurs les divans indigènes qui se montrent à la hauteur de leur mission peuvent toujours compter sur l’appui moral de l’Angleterre. Lorsqu’à l’avènement du dernier nizam sir Salar Jung, qui occupait déjà le ministère depuis plusieurs années, se vit menacé dans sa position par une intrigue de cour, il dut à l’intervention officieuse du gouvernement britannique la conservation d’un pouvoir qu’à son tour peu après il mettait au service de l’Angleterre, ébranlée jusque dans le sud de la péninsule par la soudaine insurrection du Bengale. Cette politique, aussi intelligente que modérée, fait des gouvernemens natifs une sorte de soupape, de débouché, aux activités et aux ambitions indigènes qui se trouvent écartées par l’élément européen de toute participation aux fonctions supérieures de l’administration anglo-indienne. Elle fait voir, en outre, ce que peut devenir une administration indigène,