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Madras a 47 municipalités, les central provinces 56, le Mysore 77, le Sind 54, la Birmanie 45 et la présidence de Bombay 186. Dans la majorité de ces provinces, la loi laisse aux magistrats toute latitude d’autoriser l’élection partielle et même totale des comités ; mais presque partout les électeurs, comme au reste les élus, n’ont d’autre préoccupation que de pressentir les dispositions de l’autorité, afin d’y conformer leur vote. — Toutes ces tentatives, ainsi que les résultats, sont bien modestes encore ; cependant il faut y voir les premières mailles du réseau appelé à couvrir un jour l’Inde de ces institutions municipales qui sont la base de la liberté politique.


IV

Après avoir exposé comment le gouvernement anglo-indien essaie d’organiser la civilisation sur son propre territoire, nous devons dire quelques mots de son action sur les états natifs dont il a jusqu’ici respecté l’existence. Aux temps de la Compagnie, le procédé était fort simple : on laissait les princes indigènes gouverner à leur guise, et lorsqu’ils avaient comblé la mesure de leurs iniquités, on confisquait leur royaume sous prétexte de soulager les populations. D’autres fois on profitait de quelques folles provocations pour rogner le meilleur de leurs domaines, et même, s’ils venaient à décéder sans descendans naturels, on se présentait pour recueillir leur succession. Depuis la grande insurrection de 1857, le gouvernement anglais a répudié toute velléité d’extensions nouvelles, pour garantir aux états restés fidèles à sa cause non-seulement l’intégrité de leur territoire, mais encore la perpétuité de leur existence, car il a partout reconnu aux souverains indigènes le droit d’adopter un successeur à défaut d’héritiers légitimes, — concession d’une portée facile à concevoir dans un pays où tant de dynasties sont épuisées par les débauches de nombreuses générations.

On compte aujourd’hui dans l’Inde plus de 460 principautés indépendantes qui, d’après les données approximatives du dernier recensement, ont ensemble une superficie de 210,000 milles carrés, une population de 55 millions d’habitans et un revenu de 362 millions de francs. Certains de ces états dépassent la superficie de l’Angleterre elle-même ; d’autres n’ont que quelques kilomètres de tour. Leurs obligations vis-à-vis du gouvernement anglais sont déterminées par des traités séparés qu’ils sont censés avoir conclus dans la plénitude de leur indépendance. Ces conventions contiennent toutes l’affirmation de l’hégémonie britannique ; mais elles diffèrent beaucoup par la nature et par l’étendue des droits qu’elles font découler de ce principe. Les seules clauses qu’elles renferment en commun