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Le bill voté à cette époque par le conseil législatif de la présidence donne à Bombay une corporation de 64 membres, qui sont nommés, moitié par le gouvernement et par le corps des juges de paix, moitié par les contribuables âgés de 21 ans et payant 50 roupies d’impôts municipaux. La corporation, qui élit elle-même son président, n’a par an que quatre séances obligatoires ; mais elle est remplacée, pour les affaires courantes, par un collège appelé le conseil de la ville (town council) et composé de douze membres qui sont choisis pour un tiers par le gouvernement et pour le reste par la corporation elle-même. La population de Bombay s’élevait, d’après le dernier recensement, à 644,405 habitans qui se décomposent en 408,680 hindous de toute caste, 137,644 mahométans, 44,091 parsis, 25,119 chrétiens indigènes, 15,121 djaines, 7,253 Européens, 2,669 juifs, 2,352 eurasiens (métis), 1,171 nègres et même 305 Chinois. Ces chiffres montrent que, malgré l’élévation du cens et la répartition des sièges par quartiers, l’élément européen est complètement à la merci des votes indigènes. La première élection se passa au milieu de l’apathie générale ; la seconde au contraire a été fort animée. Toutefois il semble que les natifs ont usé de leurs nouveaux droits avec clairvoyance et modération ; telle est du moins l’opinion dominante parmi les Européens mêmes de Bombay. Afin de montrer l’importance des intérêts qui se débattent au sein de cette corporation, il nous suffira de mentionner que le budget de 1875 se solde par un actif de 3,279,057 roupies et un passif de 3,129,057, soit, de part et d’autre, plus de 7 millions de francs.

Depuis le bill, le principe de la représentation a encore reçu un développement considérable parmi les municipalités de province, et, ce printemps même, sir Richard Temple présentait un projet de loi au conseil législatif du Bengale pour organiser la corporation de Calcutta sur un pied analogue aux institutions municipales de Bombay. Les documens parlementaires sur l’Inde, réunis chaque année par M. Cléments Markham sous le titre de Moral and material progress and condition of India, nous fournissent de curieux renseignemens sur l’état du régime municipal dans l’intérieur du pays. Partout dans le Bengale, les contribuables des villes peuvent, avec l’autorisation du pouvoir, nommer des commissions pour organiser certains services d’intérêt local, telles que l’instruction primaire et les mesures hygiéniques ; cette province compte aujourd’hui 187 municipalités. Les north-west provinces possèdent 84 municipalités, où, en général, les deux tiers des comités sont choisis par le suffrage populaire. Dans le Punjab, il y a 128 municipalités rangées en trois classes ; mais deux ou trois seulement possèdent des comités élus. Dans l’Oude, on trouve 2 municipalités électives contre 17 régies par les délégués de l’autorité. Enfin la présidence de