Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 16.djvu/604

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

degrés. Depuis lors cette branche importante de l’administration forme, dans chaque province, un département distinct, administré par un directeur-général avec tout un personnel d’inspecteurs qui ont pour mission de visiter les écoles publiques, ou subventionnées, de présider les examens et d’aider les instituteurs par leurs conseils.

L’instruction primaire est presque exclusivement donnée au moyen des dialectes locaux dans les écoles de village, où des maîtres indigènes enseignent la lecture, l’écriture, l’arithmétique, la tenue des livres, voire les élémens de l’histoire et de la géographie ; il existe aussi des écoles primaires de district (district schools) où l’on fait usage de l’anglais dans les classes supérieures. — L’instruction moyenne se donne, partie en anglais, partie en dialecte local, dans des collèges qui développent les matières enseignées dans les écoles inférieures et préparent l’élève aux études universitaires. Enfin l’instruction supérieure possède trois universités à Calcutta, à Bombay et à Madras, qui confèrent des degrés en droit, médecine, arts et génie civil, Elles sont organisées sur le même plan que l’université de Londres, c’est-à-dire qu’elles comprennent simplement des locaux pour les examens avec un corps d’examinateurs officiels ; mais les études qu’elles comportent se font exclusivement dans des collèges affiliés. Les examens se passent en anglais ; mais, comme on exige la connaissance d’une langue classique, l’étude du persan ou du sanscrit conserve toute son importance ; Les diplômes que délivrent ces corps académiques (gradué, bachelier et maître) sont fort prisés des indigènes, qui s’inscrivent annuellement au nombre de plusieurs milliers sur les rôles universitaires, et, s’il faut en croire des gens compétens, tels que M. le professeur Monnier Williams, d’Oxford, les examens y dépassent même le niveau des universités anglaises. En résumé, l’Inde comptait, d’après le relevé de 1874, plus de 40,000 écoles, avec une population scolaire de 1,280,940 enfans et le budget de l’instruction, qui, en 1823, ne dépassait guère 200,000 francs, et qui, en 1856, s’élevait seulement à 2,500,000 francs, atteint aujourd’hui au-delà de 20 millions.

Les trois degrés de l’enseignement sont reliés par un système d’examens où l’on met au concours un certain nombre de bourses (scholarships) assurant les moyens de fréquenter gratuitement les établissemens du degré supérieur. Ainsi, en prenant comme point de départ les écoles de village, un simple fils de paysan, sans autres titres que son intelligence et son application, peut désormais revendiquer une série de ces bourses qui lui ouvriront d’abord l’école du district, puis le collège et enfin l’université, à la seule condition qu’il maintienne sa supériorité intellectuelle dans tout le cours de sa carrière scolaire. En 1875, la province du Bengale, — la plus