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lois de la nature que les autres écoles, n’était qu’un jeu d’imagination auprès de l’atomisme savant de l’école mécaniste contemporaine. L’ancienne philosophie faisait sortir du chaos le monde ordonné, organisé, le cosmos. Comment et sous l’action de quelles causes ? Les uns admettaient l’intervention d’un Dieu moteur et organisateur ; les autres s’en tenaient aux combinaisons du hasard, qui n’expliquent rien. L’école atomistique, déjà plus scientifique, sans expliquer le mouvement des atomes par des lois physiques et chimiques qui n’avaient point été découvertes, attribuait la diversité des propriétés internes des êtres à la diversité de leurs formes extérieures, et cette diversité à des divergences de direction dans le mouvement atomique qui ne pouvaient avoir d’autre cause que la figure même des atomes. C’était un commencement d’explication mécanique.

Tout autre est la portée des théories du mécanisme contemporain. C’est avec les données de la science pure qu’il prétend procéder. Qu’a-t-on besoin de métaphysique pour expliquer l’ordre sublime du monde quand la mécanique, la physique et la chimie y suffisent parfaitement ? Laplace, par exemple, n’a-t-il pas résolu le problème par son explication cosmogonique du système solaire ? Et cependant que de complications dans ce système : 1° la coïncidence de quarante-trois mouvemens dirigés dans le même sens, 2° la disposition semblable de tous les astres dans un même plan, 3° la position centrale du soleil, d’où partent incessamment pour tous les astres qui l’entourent des rayons de chaleur et de lumière ? Néanmoins, comme le font observer les partisans de la philosophie mécanique, toutes ces coïncidences, toutes ces concordances étonnantes s’expliquent sans peine dans l’hypothèse d’une nébuleuse primitive tournant sur elle-même, hypothèse confirmée par l’expérience, qui démontre qu’une masse fluide à laquelle on imprime le même mouvement, forme un noyau central entouré d’un anneau. Et cet ordre merveilleux du système solaire, aussi simplement expliqué, offre précisément le caractère essentiel par lequel se définit la finalité, à savoir, l’accord avec un phénomène futur déterminé, car toute l’évolution céleste aboutit à la disposition centrale du soleil, condition nécessaire de la répartition de la chaleur, et par suite de la vie dans les diverses planètes.

Autre exemple non moins décisif de l’application des lois mécaniques à l’ordre de la nature : cet ordre admirable, qu’on trouve dans les hautes sphères de l’astronomie et de la mécanique céleste, on le retrouve dans la composition intime des êtres du règne minéral, sans y reconnaître davantage l’action des causes finales. Qui songe à invoquer une finalité quelconque dans l’explication des