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suivant les circonstances, resserrer ou relâcher ces conditions. En cas d’épidémie, en cas de guerre, de simples étudians, sans aucun diplôme, pourront être appelés à soigner et à opérer. Réciproquement on admettra, en théorie, le cas où le titre de docteur lui-même pourrait être jugé insuffisant, et où l’on exigerait par exemple le titre d’interne dans les hôpitaux ou telle autre condition pratique. équivalente. Ce plus ou moins dans les conditions d’exercice, qui peut en décider ? L’état seul. Dans un certain nombre de professions, le grade n’a qu’une valeur de condition préalable et suppose en outre un examen professionnel. Par exemple, pour le conseil d’état, il faut présenter le diplôme de licencié en droit, mais il faut passer un autre examen spécial. Pour l’enseignement du droit ; il faut présenter le diplôme de docteur, et cela ne suffit pas, il faut passer le concours d’agrégation. On voit par là que les diplômes, des facultés sont essentiellement des certificats de capacité, et que c’est l’état qui tantôt leur confère immédiatement l’accès de telle ou telle carrière, tantôt exige des conditions nouvelles et différentes.

En un mot, le sophisme en cette matière consiste à dire : les facultés de l’état ont le droit d’ouvrir ou de fermer les carrières ; si on n’accorde pas le même droit aux facultés libres, il y aura inégalité, et par conséquent la liberté ne sera pas pleine et entière ; mais nous prétendons que les facultés comme telles, c’est-à-dire comme corps enseignans et examinans, n’ont aucun droit spécial d’ouvrir ou de fermer les carrières : elles n’ont que le droit de décerner des certificats de capacité, et les facultés libres auront le même droit. C’est l’état qui, en dehors d’elles et au-dessus d’elles, a fixé certaines conditions, et qui, en étant responsable, accepte les diplômes des corps qu’il connaît et rejette ceux des corps qu’il ne connaît pas. Introduire tout le monde dans la place, c’est donc entreprendre sur le droit de l’état. Ce n’est plus partager la science, qui appartient à tout le monde, c’est partager avec l’état, dont c’était jusqu’ici la fonction propre, le droit de désigner des magistrats, des fonctionnaires, des médecins. Ce qu’on demande, ce n’est pas la liberté d’enseignement, c’est la liberté des carrières.


II

Examinons la question de plus près. Faut-il des conditions à l’entrée des carrières, et quelles doivent être ces conditions ?

Les grades délivrés par les facultés ouvrent l’accès des carrières suivantes : les fonctions publiques, les offices ministériels, le barreau, la médecine et l’enseignement. Pourquoi fixer des conditions