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LE
SALON DE 1876

LA SCULPTURE


VII

Un critique d’art, arrivé de Berlin pour faire sa tournée au Salon, remarquait avec étonnement que la peinture et la sculpture suivent en France des voies fort différentes. Il lui semblait que les statues et les tableaux rassemblés au Palais de l’Industrie n’avaient pas un air de famille, que ces fruits n’avaient pas crû dans le même jardin ni mûri aux rayons du même soleil. — Faut-il donc admettre qu’il y a deux Frances ? disait-il.

Il y a peut-être du vrai dans cette remarque ; cependant il ne faut rien exagérer. Bien que les peintres et les sculpteurs ne soient pas précisément de la même confrérie, ils ne laissent pas d’avoir commerce ensemble, de s’étudier réciproquement et de se faire plus d’un emprunt. Qu’ils manient le pinceau ou l’ébauchoir, tous les chercheurs d’inconnu et d’inédit, dans quelque genre que ce soit, sont à l’affût les uns des autres, et si l’un d’eux réussit à faire lever quelque bon gibier, gros ou menu » à poil ou à plume, tout le monde part à sa poursuite. Croira-t-on, par exemple, que M. Baudry n’ait pas exercé une sensible influence sur nos jeunes sculpteurs, qu’il n’ait pas ouvert des jours nouveaux à leur imagination ? Croira-t-on que les pétrisseurs d’argile, que les tailleurs de marbre n’aient pas