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grouper les lettres selon des préférences ? on a beaucoup usé de cette permission. D’après l’avis des grammairiens, les consonnes ne peuvent être prononcées qu’avec le secours des voyelles ; devant l’assertion, les physiologistes se sont récriés, les linguistes ont approuvé les physiologistes.

Des consonnes répondent à un souffle, à un sifflement, à un trille ; on les prononce sans accompagnement de voyelles[1] ; c’est le petit nombre, il est vrai. Les labiales se forment surtout par le mouvement des lèvres, le plus facile de tous les mouvemens nécessaires pour engendrer la parole. En se fermant avec mollesse ou avec fermeté, la bouche donne le son de deux lettres bien distinctes ; si l’occlusion reste incomplète, une autre lettre se fait entendre[2]. Il est une labiale qui ne saurait se produire sans l’abaissement du voile du palais : elle emprunte le caractère de la consonne nasale par excellence. Que par suite d’un état de maladie le voile du palais cesse de se retirer selon le besoin, voilà deux lettres dont L’usage devient impossible[3], il faut la résonnance des cavités nasales. Czermak eut l’idée d’introduire de l’eau dans les narines ; en essayant de prononcer l’une ou l’autre des deux lettres, le liquide se trouvait refoulé par le passage de l’air. Le son des dentales s’obtient par une forte pression de la langue ; les dents fournissent l’appui le plus convenable, mais il peut être remplacé. Si la langue se porte en arrière contre la voûte du palais, elle fait éclater le bruit des gutturales[4].

Toutes ces consonnes se partagent d’une manière assez naturelle d’après le caractère du son ; il y en a de sourdes et d’explosives. L’air extérieur restant en communication avec l’air expiré, malgré la présence de l’obstacle dressé pour l’articulation, la consonne peut être soutenue aussi longtemps que dure l’expiration[5]. Dans le cas contraire, le bruit ne survient qu’à l’instant où l’obstacle est vaincu ; il y a une petite explosion de l’air[6]. L’épreuve est décisive lorsqu’on fait précéder la consonne d’une voyelle ; elle conduit encore à distinguer nettement entre les consonnes explosives la forme douce et la forme rude[7]. Dans le premier exemple, l’orifice de la glotte demeure étroit, le courant d’air est faible, la bouche étant ouverte, le son persiste encore un moment ; dans le

  1. F, s, r.
  2. B, p, ensuite v.
  3. M et n.
  4. C’est d, t, d’autre part g, k.
  5. Z, j, v, s.
  6. B, p, d, t, g, k, x.
  7. B, d, g, en opposition avec p, t, k.