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l’expiration se trouve ralentie ou suspendue, l’orifice se ferme plus ou moins, suivant l’énergie de l’acte. Au moment d’émettre un son, les cartilages latéraux du larynx se rapprochent, les lèvres vocales se resserrent, se gonflent et viennent se toucher dans leur portion antérieure ou même dans toute leur longueur ; le passage de l’air est intercepté. Soudain s’ouvre l’orifice, en vibrant l’air s’échappe ; brusquement écartées, les lèvres vocales vibrent par le choc, un son retentit : autant d’opérations qui, selon les circonstances, s’exécutent avec force ou avec mollesse. C’est le son glottique, comme l’appelle M. Mandl, qui a éclaté ; isolé, on ne saurait l’entendre, il nous arrive après avoir traversé le pharynx et la bouche, où les vibrations de l’air l’ont modifié. Tout le monde a remarqué le changement qu’apporte aux sons le passage dans un tuyau, en écoutant un homme parler au fond d’un puits ou dans une cheminée. La voix est donc formée de l’association des sons de la glotte et des cavités situées au-dessus du larynx ; inarticulée, lorsque ces cavités demeurent passives, elle devient articulée par l’effet de dispositions particulières.

Le pharynx et la bouche, jouant le rôle de caisses de résonnance, produisent des sons aussitôt que l’air qu’elles renferment est mis en vibration par le courant qui émane soit des poumons, soit d’une autre source. On en tient la preuve d’expériences décisives et fort curieuses. En ouvrant la bouche et en ajustant les lèvres comme il convient pour prononcer une voyelle déterminée, mais sans faire le moindre bruit, le diapason qui vibre étant placé devant la bouche, la voyelle est rendue sonore. C’est une démonstration imaginée par M. Helmholtz. Le même résultat s’obtient si, devant la bouche ouverte, on amène le courant d’air d’une soufflerie par un porte-vent dont la fente terminale est étroite. C’est une invention de M. Kœnig. Ainsi les divers sons qui s’appellent des voyelles dépendent tout simplement de la configuration des caisses de résonnance : le pharynx et la bouche[1]. Par la seule action de ces cavités, la voix est aphone, — c’est le chuchottement ; elle est sonore aussitôt que vibrent les lèvres vocales. Longtemps, les physiologistes restèrent persuadés que les voyelles même prononcées à voix basse se forment dans la glotte ; la notion précise des phénomènes date de l’époque actuelle.

À cinq, six ou sept on limite en général le nombre des voyelles ; ce sont des types si naturels qu’on les retrouve à peu près dans tous les idiomes. En outre, des intermédiaires, des combinaisons éclosent,

  1. Lorsqu’on prononce les voyelles a, e, i, le diamètre de la cavité pharyngo-buccale se raccourcit, et le diamètre transversal augmente ; c’est exactement le contraire pour les voyelles o, ou, u.