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l’espace compris entre les lèvres vocales l’orifice de la glotte ou l’orifice glottique. La portion supérieure du larynx est le vestibule qui communique directement avec l’arrière-bouche. Au-dessus de l’entrée du vestibule, en arrière de la langue, une lame fibro-cartilagineuse très mobile parait défendre le passage ; c’est l’épiglotte[1]. Conservant une position verticale dans les circonstances ordinaires, elle n’apporte nul obstacle à l’introduction ou à la sortie de l’air. Abaissée, elle s’applique sur l’ouverture, qu’elle déborde en général d’une manière très sensible, Par l’expérience personnelle, chacun connaît la terrible sensation produite par le corps qui pénètre dans les voies respiratoires. La victime d’un tel accident tousse, pleure, étouffe, et s’écrie : « J’ai avalé de travers. » Selon toute apparence, l’épiglotte se couche et ferme le passage pendant la déglutition, mais on doute encore ; il est impossible de voir l’acte s’accomplir, et l’on donne la preuve que les liquides mouillent sans inconvénient les cordes vocales.

Comme toutes choses, le larynx présente des différences individuelles fort notables. Un beau développement est l’indice de la force et de la gravité de la voix. Dans l’enfance, l’appareil ne change guère ; à l’époque de l’adolescence, l’accroissement se fait avec une sorte de soudaineté que dénote une passagère altération de la voix, médiocre chez les jeunes filles, très prononcée chez les jeunes garçons. Dans l’ensemble et d’une façon indépendante de la taille des individus, le larynx reste plus petit chez la femme que chez l’homme. Il a des angles moins saillans, des muscles plus faibles, des cartilages plus minces et plus souples ; les sons aigus que donne l’instrument rendent témoignage de ces particularités de conformation. Malgré des vues générales très positives, on n’est pas encore parvenu néanmoins à déterminer les caractères de la voix d’après la simple inspection du larynx, car il nous manque la possibilité de comparer dans tous les détails les instrumens dont on connaît les qualités bonnes ou mauvaises.

L’appareil vocal se complète par les cavités où se font les résonnances : le pharynx, que les bonnes gens appellent le gosier, la bouche, les fosses nasales. La cavité pharyngienne, où se trouvent l’entrée de l’œsophage et l’orifice du larynx, se confond avec la cavité buccale : une boîte merveilleusement disposée pour l’articulation forme et dimensions varient avec une entière facilité. Les joues sont dès parois qui s’affaissent ou se gonflent au moindre effort ; les lèvres, qui limitent l’ouverture antérieure, ont une

  1. L’épiglotte ne s’applique pas, comme le nom semble l’indiquer, sur l’orifice de la glotte, qui est situé plus bas, mais sur l’orifice supérieur du larynx.