Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 15.djvu/88

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

insérés d’autre part à la face externe du cartilage en bouclier ; il s’abaisse sous l’effort de muscles ayant leurs attaches au même cartilage et au sternum. L’appareil vocal se trouve encore entraîné dans les mouvemens du pharynx et de la langue, ainsi que dans les mouvemens respiratoires. Plus ou moins mobiles, les pièces solides du larynx changent de position par le jeu de faisceaux musculaires allant de l’une à l’autre. Des faisceaux qui partent du cartilage annulaire font basculer en avant le cartilage en bouclier et ce renversement contribue à produire la tension des lèvres vocales. Des muscles qui montent de la pièce annulaire et de la pièce en bouclier déterminent une rotation des cartilages latéraux et modifient les conditions des cordes vocales. Enfin des faisceaux allant d’un cartilage latéral à l’autre, s’ils viennent à se contracter, rapprochent les deux lames et rétrécissent l’orifice d’où l’air s’échappe.

À l’intérieur, le larynx, garni d’un tissu fibreux, est revêtu d’une membrane muqueuse en parfaite continuité avec celle de la bouche. Deux paires de ligamens qui courent du cartilage en bouclier aux cartilages à bec d’aiguière divisent la cavité. La portion inférieure est limitée par la voûte que forment de gros replis de la membrane muqueuse. La portion moyenne est marquée par la présence des replis que soutiennent les ligamens. Ce sont les cordes vocales, dont le rôle est prépondérant dans l’acte de la phonation. Pareilles à des bandelettes, les cordes supérieures occupent les deux côtés. Fort épaisses, les cordes inférieures ou les véritables lèvres vocales placées au-dessous des premières, les dépassent considérablement vers la ligne médiane[1]. Elles bordent l’orifice que l’on appelle la glotte ; cette ouverture, fente triangulaire dans l’état d’inertie, est à chaque instant variable dans ses contours et dans ses dimensions par l’effet de la respiration et de l’émission de la voix. On s’est étonné de l’emploi du mot de glotte, qui signifie une langue ou une languette, pour désigner un trou ; c’est le résultat d’une étrange confusion. Les anciens reconnaissaient dans le larynx « des organes comparables aux anches que l’on trouve dans les flûtes ; les parties situées à droite et à gauche, qui se réunissent de manière à s’adapter l’une à l’autre et à fermer le conduit[2]. » Une époque vint où l’on a pris le nom des replis qui bordent l’ouverture pour le nom de l’ouverture elle-même. L’erreur a été consacrée par l’usage des siècles ; néanmoins reste-t-il préférable d’appeler, comme le veut M. Mandl,

  1. De chaque côté, entre les cordes vocales supérieures et les cordes vocales inférieures, se trouve une large cavité. On donne à ces cavités le nom de ventricules de Morgagni.
  2. Γλωττίς désignait l’anche. La comparaison de Galien nous apprend que la flûte antique avait une double anche.