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d’un père né à Gênes et naturalisé à Venise, Sébastien Cabot, qu’un séjour de quarante années sur les bords de l’Avon avait fait plus qu’à demi Anglais, nous apparaît en 1518 installé à Séville et y remplissant les fonctions successivement confiées au Florentin Améric Vespuce et au Castillan don Juan Diaz de Solis. Cabot va continuer ainsi, en qualité de pilote-major du roi Charles-Quint, le Patron real ce grand tableau des positions géographiques officielles inauguré le 22 mars 1508. Il va « interroger les pilotes espagnols sur l’emploi de l’astrolabe et du quart de cercle, s’assurer qu’ils réunissent la connaissance de la théorie à la pratique. » Ces fonctions sédentaires l’ont bientôt lassé. Son métier, à lui, est de découvrir, car, ne l’oublions pas, c’est encore le seul nom qu’on puisse opposer à celui de Christophe Colomb. En 1526 il part pour les Moluques et croit y arriver en s’enfonçant de plus en plus avant dans la Plata. Il passe ainsi cinq années entières à explorer ce fleuve Enfin en 1548 sa première patrie d’adoption le reconquiert. Charles-Quint lui avait alloué par an 300 ducats ; Edouard VI d’Angleterre lui accorde une pension de 166 livres sterling.

Sébastien Cabot débarquait sur le sol anglais avec sa fameuse mappemonde elliptique. Il y débarquait aussi avec son infatigable 2 et avec un bagage de connaissances considérablement accru, quoique encore encombré de beaucoup de chimères. Le pilote-major de Séville ne pouvait ignorer aucun des secrets de l’hydrographie espagnole. L’heure était propice pour concevoir de nouvelles entreprises maritimes, car les Anglais, enflés d’un juste orgueil par le développement de leur prospérité intérieure, ne supportaient plus qu’avec impatience l’ascendant importun de Lubeck et de Hambourg. La ligue anséatique avait vu se détacher peu à peu de ses liens la plupart des cités que couvrait, depuis l’année 1434 le puissant patronage des ducs de Bourgogne ; les villes impériales Cologne entre autres, s’étaient, en plus d’une occasion, montrées des alliées peu sûres ; la confédération n’en conservait pas moins à la veille des événemens qui devaient porter une atteinte mortelle à son vieux privilège, le monopole à peu près exclusif du roulage maritime dans les régions du nord. Un seul chiffre suffira pour faire ressortir l’inégal partage auquel se résignait alors ; la navigation anglaise : « La compagnie teutonique exporta en 1551 d’Angleterre 44,000 pièces de drap ; tous les marchands anglais réunis n’en avaient expédié que 1,100. »

Partout où la ligue allemande prenait pied, elle réclamait et obtenait de gouvernemens peu éclairés encore les concessions les plus exorbitantes. Admis à Bergen, les anséates Y auraient bientôt fondé une colonie, si le roi Haquin n’eût eu soin de leur interdire d’hiverner sur la terre de Norvège ; introduits à Londres en 1256, ils