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rectifier avec les seuls documens que le gouvernement du pays laisse publier. On peut dire, à tout hasard, que la flotte russe aura coûté au moins la somme demandée par M. de Bismarck pour la création de la marine prussienne. Ces deux pays se suivent de près dans leurs armemens, et l’on ne saurait dire lequel des deux est le mieux préparé pour soutenir une guerre soudaine. C’est un exemple et une leçon.


III

La Prusse a 1,250 kilomètres de côtes à protéger. La Russie a les rivages des mers suivantes : la Mer-Blanche, la Baltique, la Mer-Noire et celle d’Azof, la mer Caspienne, la mer d’Aral et une certaine étendue de littoral sur l’Océan-Pacifique. Elle entretient en outre des stations lointaines, dont la présence à l’étranger est nécessaire pour la défense de ses intérêts légitimes ou de sa politique. Elle a dans la Méditerranée, à Villafranca, un poste où stationne une frégate, dans la Mer-Noire, aux bouches du Danube, une station composée de deux avisos, à Constantinople deux navires à vapeur. L’Océan-Pacifique a quatre corvettes. Deux canonnières sont en Chine à la disposition de l’ambassade russe à Pékin. Une frégate et une corvette sont expédiées dans le Grand-Océan. La station de Saint-Pétersbourg comprend huit navires ; celle de Sweaborg, un aviso et une canonnière ; à Revel, un stationnaire ; à Archangel, deux avisos et une chaloupe à vapeur. A Cronstadt stationnent huit navires. L’escadre d’évolutions est composée cette année de vingt bâtimens. De plus il existe dans la Baltique des navires pour exercices des torpilles, d’autres pour l’instruction des élèves, les exercices. d’artillerie, les missions hydrographiques, le service des phares. Enfin, pour ne pas dépasser les bornes d’une nomenclature déjà fastidieuse, notons sans autre détail vingt-trois navires dans la Mer-Noire, vingt-quatre dans la Caspienne, et seize formant ce que le gouvernement russe appelle la flottille de la Sibérie.

Le but de cette énumération est de faire comprendre la nécessité d’entretenir pour ces divers services un personnel considérable de marins. Le recrutement ordinaire y pourvoit. La flotte est montée par 25,000 hommes, sous-officiers et matelots ; en outre, 12,000 hommes font le service à terre comme ouvriers des ports et autres classés dans la même catégorie. Enfin de 10,000 à 11,000 hommes sont en congé temporaire, quelques-uns embarqués sur des navires marchands, plusieurs employés dans l’administration générale ou dans les ports. L’ensemble comprend environ 50,000 hommes en activité de service ; ils n’ont d’ailleurs aucune qualification particulière pour être admis dans la marine. Le