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LA CONSTITUTION DU SOLEIL.

les premiers résultats ont été résumés dans un ouvrage publié il y a deux ans[1].

M. Carrington a de plus réussi à mettre en évidence la loi d’après laquelle varie la rotation apparente des taches dans les zones successives de la surface solaire : la rotation des taches est d’autant plus lente, que leur latitude ou distance à l’équateur du soleil est plus grande. Dans la zone équatoriale, la rotation est d’un peu moins de 25 jours ; sous le parallèle de 45°, elle approche de 28 jours. La rotation moyenne, conclue du mouvement des taches, semble être de 25 jours 9 heures. En dehors de cette inégalité frappante des vitesses de rotation sous les divers parallèles du globe solaire, les taches présentent des fluctuations qui les rapprochent et les éloignent de l’équateur. Quand le nombre des taches va en diminuant à l’approche des années maigres, elles semblent se concentrer dans les régions les plus voisines de l’équateur ; puis tout à coup, à l’époque où la recrudescence va commencer, les taches apparaissent à des latitudes beaucoup plus élevées, et leurs zones semblent s’élargir. Il est évident que la fluctuation périodique des zones moyennes doit se rattacher aux mêmes causes encore inconnues qui produisent l’inégalité des rotations sous les diverses latitudes. Ce sont là des énigmes proposées à la sagacité des géomètres qui tenteront de nous donner la théorie des phénomènes solaires[2].

La période des taches solaires, avec ses maxima d’activité qui reviennent tous les onze ans, a son écho sur la terre. Le général Sabine, M. Wolf, de Zurich, et M. Gautier, de Genève, ont signalé à peu près simultanément une période semblable dans les variations diurnes de l’aiguille aimantée, dont l’amplitude atteint un maximum en même temps que la fréquence des taches. Puis l’on a constaté, en examinant le catalogue des aurores boréales dressé par M. Loomis, que les aurores, dont on connaît depuis longtemps L’étroite relation avec le magnétisme terrestre, présentent aussi cette même période de onze ans. Des esprits aventureux ont voulu aller plus loin et retrouver ce nombre cabalistique dans les alternatives de calme et de recrudescence des phénomènes volcaniques, dans les changemens de niveau périodiques des grands lacs de l’Amérique du nord, etc. ; mais c’est se risquer sur un terrain où il est trop facile de perdre pied. La seule chose certaine, c’est que la période so-

  1. Beobachtungen der Sonnenflecken zu Anclam, von Prof. Dr G. Spœrer, Leipzig 1874.
  2. L’analogie apparente de cette double ceinture de taches qui s’étend de part et d’autre de l’équateur solaire avec les zones terrestres des vents alizés a conduit sir John Herschel et M. Spœrer à supposer l’existence de vents du même genre à la surface du soleil ; mais la théorie des alizés solaires manque de toute base sérieuse, car on ne voit pas ce qui pourrait produire dans l’atmosphère du soleil une circulation semblable à celle qui est la cause des vents terrestres.