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LA CONSTITUTION DU SOLEIL.

simplement des tourbillons. Un des argumens qu’il invoque, c’est le phénomène de la segmentation des taches, qui s’observe assez fréquemment. « Il semble que les taches aient la propriété de se reproduire d’elles-mêmes, à la manière des animaux inférieurs, car ceux-ci se segmentent aussi, et leurs tronçons forment bientôt des êtres complexes tout semblables aux premiers. C’est un genre de multiplication qui dans le domaine des phénomènes mécaniques n’appartient qu’aux mouvemens giratoires, trombes, tourbillons ou cyclones. » Or d’où viennent ces tourbillons ?

Le soleil, dit M. Faye, est un globe dont la densité moyenne est un peu supérieure à celle de l’eau, mais dont les couches extrêmes sont évidemment gazeuses. La surface de ce globe offre, sur un fond relativement obscur, d’innombrables amas de particules incandescentes, solides ou liquides, qui forment des nuages isolés, d’un éclat excessif. Évidemment l’énergie et la constance de la radiation du soleil sont liées à ces « grains de riz » de la photosphère. Or le rayonnement formidable de ces nuages incandescens ne peut pas toujours durer : il faut qu’ils se renouvellent sans cesse, par une circulation qui apporte à la surface la chaleur puisée dans la masse interne. Cette masse est formée de matériaux maintenus par une température excessive à l’état gazeux en totalité ou en partie. La température doit être pour beaucoup de substances supérieure à celle où les combinaisons chimiques deviennent possibles ; elles resteront à l’état de vapeurs qui se disposeront par couches concentriques dont la densité ira en décroissant du centre à la surface et dont le pouvoir rayonnant sera relativement faible, comme celui des flammes sombres de certains gaz qui ont besoin d’être carburés pour pouvoir être employés à l’éclairage. Mais, le rayonnement vers l’espace refroidissant les couches extrêmes de la masse gazeuse, la température s’y abaisse bientôt assez pour que le jeu des combinaisons chimiques commence : dès lors on voit apparaître à la surface des poussières flottantes, d’un éclat incomparablement supérieur à celui des gaz. C’est ainsi que prend naissance la surface lumineuse, la photosphère ; c’est ainsi que la nébuleuse devient soleil. Cependant les nuages de poussières solides sont beaucoup trop lourds pour rester indéfiniment suspendus dans la couche gazeuse où ils flottent ; ils tombent lentement vers le centre, jusqu’aux régions où ils rencontrent une température capable de les vaporiser de nouveau : c’est une pluie de scories incessante, comparable aux phénomènes terrestres de la grêle et de la neige. La vaporisation de ces particules venues de la surface troublant à son tour l’équilibre des couches internes, des bulles de gaz remonteront à la surface comme du fond d’une marmite où bout de l’eau, De là une circulation incessante, un jeu régulier de courans