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effets d’absorption. Nous en avons la preuve d’abord dans les raies obscures du spectre solaire, ensuite dans l’affaiblissement considérable des radiations qui viennent des bords du soleil. Cet affaiblissement saute aux yeux lorsqu’on regarde une épreuve photographique du disque solaire : les bords sont toujours beaucoup plus sombres que les parties centrales. Le père Secchi a encore constaté par des mesures photométriques directes que l’éclat de la région voisine des bords est à peine le quart de celui du centre, et une pile thermo-électrique promenée des bords au centre a fait reconnaître une dégradation analogue du pouvoir calorifique de la surface solaire. Cet appâlissement si marqué prouve évidemment que les rayons qui viennent des bords traversent une épaisseur relativement considérable d’une atmosphère absorbante, et cela s’explique si on réfléchit qu’ils doivent raser la surface solaire, tout comme les rayons d’un astre qui se trouve à notre horizon rasent la surface terrestre et nous arrivent très affaiblis, après avoir percé l’air épais des basses régions de l’atmosphère. Ainsi tout prouve qu’une enveloppe vaporeuse entoure la photosphère ; il s’agit seulement de savoir jusqu’où elle s’étend.

Pour M. Faye, l’atmosphère solaire, dans le sens qu’on donne d’ordinaire à ce mot, n’est qu’un préjugé. La mince chromosphère, chargée de vapeurs, que nous révèlent les observations, suffit, dit-il, à tout expliquer, attendu que le pouvoir absorbant des vapeurs métalliques est infiniment plus énergique que celui des autres gaz. La condensation des vapeurs métalliques n’est pas complète, les particules liquides ou solides de la photosphère sont donc constamment baignées dans les vapeurs qui leur ont donné naissance, et la lumière qu’elles émettent éprouve, en traversant ce léger voile, cette absorption spéciale d’où résultent les raies noires du spectre. C’est ainsi que la raie jaune du sodium se renverse, se change en raie noire (la raie D de Fraunhofer) dès que les vapeurs que dégage le métal incandescent commencent à former autour de ce dernier une petite atmosphère où la température est relativement basse. L’ensemble de ces vapeurs non condensées forme au-dessus de la photosphère comme un banc de brume, d’une épaisseur à peine appréciable, au-delà duquel il n’y a plus que des flammes, des jets confus d’hydrogène pur, et c’est tout. — Mais il est bien difficile d’admettre que ces protubérances qui jaillissent à des hauteurs égales au quart du diamètre solaire s’élèvent dans le vide absolu, et que la force d’expansion des gaz incandescens s’arrête presque au ras de la photosphère.

Lorsqu’il s’agit d’expliquer l’origine des taches, l’accord n’existe pas davantage. Pour M. Faye, qui les rattache à son ingénieuse théorie de la formation des astres, les taches solaires sont tout