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et de la Chaldée. Une exploration consciencieuse des localités, l’étude des langues modernes que l’on y parle, voilà les matériaux que des hommes de génie ont mis en œuvre pour reconstituer les annales obscures de l’ancien monde.

En Amérique, il faudrait suivre la même marche pour arriver au même résultat ; mais les difficultés sont plus grandes, au moins en ce moment. L’exploration des antiquités mexicaines, encore incomplète, présente des obstacles presque insurmontables ; notre longue expédition du Mexique n’a servi presqu’à rien sous ce rapport, c’est triste à dire. La population actuelle de ce beau pays ne manifeste aucune aptitude scientifique. Aux États-Unis, il y a moins d’indifférence pour les recherches archéologiques ; mais le territoire de l’Union est immense, les érudits, peu nombreux d’ailleurs, y ont beaucoup à faire ; toutefois il serait injuste de méconnaître les progrès que l’érudition y a faits en ces dernières années. Les dernières explorations de l’Arizona et du Colorado par des officiers de l’armée fédérale, témoignent que les Américains du Nord ne se laissent pas absorber par des préoccupations utilitaires. Mais le terrain est immense, et un peuple neuf se trouve embarrassé d’avoir à explorer un si vaste continent.

C’est donc en Europe encore que les études américaines ont leurs plus fervens disciples. Au mois de juillet 1875, un congrès international des américanistes se réunissait à Nancy. Le programme des questions qui y furent discutées se résume à peu près dans les pages qui précèdent. On n’oserait affirmer que l’archéologie américaine ait fait beaucoup de progrès en cette réunion solennelle. Ce qui vaut mieux, les questions y ont été bien posées. Comme il arrive toujours dans un débat auquel le gros public est admis, on a vu s’y produire des faits contestables, des théories invraisemblables. Cependant des érudits dont la voix fait autorité ont replacé la discussion sur le terrain qui lui convient. MM. de Rosny, Foucaux, les docteurs Daily et Joly, de Hellwald, se sont accordés pour combattre toutes les thèses douteuses, toutes les solutions prématurées. A les en croire, il n’y a encore aucune raison de penser que l’Amérique ait été peuplée dans les temps primitifs par les Chinois, ou par les Phéniciens ou par les Scandinaves. Rien ne prouve que la civilisation de l’Anahuac et du Yucatan soit issue de l’Inde ou de l’Égypte. Le seul point qui soit bien établi est que les preuves font défaut. Autant dire que le champ reste ouvert à toutes les conjectures. Pour ce motif, il en est une que l’on ne saurait passer sous silence : c’est celle qui soutient que l’apparition de l’homme sur la terre est antérieure aux dernières révolutions du globe. Que les montagnes et les mers aient été produites par des convulsions subites