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Quelle est la date des temples de Palenqué ? Quel peuple les a construits ? Le seul fait incontestable est que cette ville était en ruines lorsque les Européens arrivèrent. Les uns veulent qu’elle ait été recouverte par la mer pendant plusieurs siècles, ce qui expliquerait l’état de conservation dans lequel on la retrouve. D’autres y prétendent reconnaître les attributs de la mythologie hindoue, que des émigrans asiatiques auraient apportée il y a un millier d’années, on ne dit point par quelle voie. D’autres enfin attribuent ces monumens aux architectes inconnus de cette nation maya, qui aurait vécu prospère dans l’isthme américain entre le premier et le dixième siècle de notre ère, qui aurait tiré ce qu’elle savait de son propre fonds et que des catastrophes inouïes, peut-être une invasion de barbares, auraient plus tard anéantie ou rejetée dans la vie sauvage. Y a-t-il rien au monde de plus étrange que cette architecture mystérieuse, exhumée après des siècles d’abandon sans qu’aucun document en raconte l’origine ou l’histoire ?

Les ruines dont il a été question jusqu’ici étaient assurément l’ouvrage de nations paisibles, car il n’y a pas apparence de travaux défensifs aux alentours ; au Mexique, et plus au nord, on croit distinguer au contraire des fortifications. Les antiquités mexicaines sont l’œuvre des Nahuas, moins policés et plus belliqueux que leurs voisins du sud. Elles sont aussi moins bien conservées, non pas que le climat fût plus destructif, mais parce que les Européens, loin de les protéger, ont contribué à les faire disparaître. A Mexico, par exemple, il ne reste rien de la capitale de Montézuma. Les palais du souverain ont été démolis aussi bien que les maisons du pauvre peuple. Les temples n’ont pas laissé de traces. Tout ce que l’on a retrouvé dans les temps modernes se réduit à quelques pierres sculptées déterrées par hasard en nivelant les rues de la cité. Il y a cependant de beaux restes en quelques endroits. La pyramide de Cholula, près de laquelle Cortez livra l’une de ses plus sanglantes batailles, et celle de Xochicalco rappellent, par la forme ou par le mode de la construction, les monumens du sud. Pourtant il y a des différences telles qu’il serait impossible de les rapporter à un seul et même peuple. Les sculptures sont d’une autre école. La pyramide est le type favori dans l’une et l’autre contrée, par quoi s’établit entre les antiquités du Nouveau-Monde et celles de l’Égypte une analogie apparente dont il ne faudrait pas abuser. Lorsque la pierre se rencontrait à portée, l’architecte savait la tailler avec art ; à défaut de pierre, il employait la brique séchée au soleil. Il est remarquable du reste que ces édifices sont dus à un peuple qui en était à l’âge de pierre ou tout au plus à l’âge de bronze. Le cuivre, l’étain, l’argent, l’or, étaient connus, mais non le fer, qui aurait été plus utile. Enfin, dernier indice à noter, les ruines paraissent plus