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Impossible de sortir du port, impossible d’y entrer ; c’est une porte fermée en dedans. Les Prussiens, pendant la guerre de 1870, ont été souvent victimes des torpilles. M. de Stosch l’a dit au Parlement de Berlin. « Les torpilles présentent un grand danger pour ceux qui les emploient, nos bâtimens et nos marins en ont le plus souffert. »

Cette première difficulté paraît devoir être résolue par l’emploi de l’électricité. Produite à terre et reliée à la torpille par un fil conducteur, l’étincelle enflammera la charge à la seule volonté de l’assiégé. L’agent destructeur pourra recevoir le choc des navires sans faire explosion, tant que l’assiégé n’y dirigera pas le feu électrique. Le même agent servirait pour l’attaque des bâtimens en mer. L’expérience américaine a démontré que les bateaux porte-torpilles devaient être très bas sur l’eau pour échapper aux regards, très rapides pour courir sur le bâtiment attaqué aussitôt qu’ils sont signalés, très silencieux pour ne pas éveiller l’attention de l’ennemi, et à peu près invulnérables. Les modèles qui paraissent réunir le plus grand nombre de suffrages offrent donc le moins de surface possible et sont profondément immergés afin de ne pas donner prise à la mousqueterie et d’échapper à l’artillerie ; le système mécanique qui donne à l’embarcation le mouvement et la rapidité a été combiné de manière à ne produire aucun bruit. Ils sont revêtus d’une carapace de fer sous laquelle les hommes sont à couvert. La torpille même est mise à bord, où elle reste inoffensive et à l’abri jusqu’à l’heure du lancement. C’est une caisse qui porte sa charge, son propulseur et son gouvernail. La charge est en fulmi-coton parce que cette poudre possède une plus grande force d’explosion sous un moindre volume. Le propulseur est l’air comprimé. Le gouvernail, en forme d’hélice, conduit la torpille avec une grande vitesse dans la direction donnée. Enfin l’explosion est déterminée à bord du bateau, par l’envoi de l’étincelle électrique. On croit que ces précautions, tout en perfectionnant les moyens d’attaque, diminueront les chances, disons mieux, les probabilités de destruction auxquelles étaient exposés les bateaux porte-torpilles et leurs équipages.

Le budget extraordinaire de la Prusse prouve toute l’importance que le gouvernement accorde à cette nouvelle arme. En 1867, le ministre avait prévu seulement la dépense de six bateaux-torpilleurs. En 1873, le cadre de la flotte élargi par le chancelier de l’empire porte ce nombre à 28, savoir : 10 chaloupes de petite dimension et 18 de proportions plus grandes. Trois ont été commandées immédiatement à Dantzig et sont probablement achevées. D’après un journal allemand, ces chaloupes sont destinées à poursuivre les navires ennemis : aussi seront-elles douées d’une vitesse plus grande que celle des navires les plus rapides ; elles pourront rester, quatre jours en mer. Le type qui vient d’être décrit est-il