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La planche du nord s’est aussi relevée depuis 1872. En Suède cependant, on coupe tout ce qu’il est possible de couper : une loi en vigueur à partir d’octobre 1875 a du interdire aux particuliers d’abattre dans les districts les plus septentrionaux les arbres ayant moins de 0m,25 de diamètre à hauteur d’homme. Lettre morte assurément, cette loi suffit à faire comprendre la destruction qui s’opère. Dans le sud, les forêts, ouvertes de longue date aux exploitations, n’offrent que de jeunes bois. De Malmöe à Stockholm, pendant un voyage de douze heures en chemin de fer, on ne voit que des forêts entrecoupées d’eaux et de cultures, mais pas d’arbres exploitables. Les quatre cinquièmes des bois appartiennent à des particuliers, et ne produiront plus que des perches. En Norvège, les neuf dixièmes des forêts sont des propriétés privées et s’exploitent de même qu’en Suède. Il devient à peu près impossible d’y trouver un massif plein. En 1872, la péninsule Scandinave a exporté 6 millions de stères de bois façonnés, d’une valeur de 130 millions de francs à la sortie. Ce n’est qu’une petite partie de la consommation du pays en bois de tous genres ; mais c’est la fleur de ses forêts, l’élite de ses arbres. La progression rapide des exploitations doit les user à bref délai, et la consommation des jeunes bois en combustible s’oppose à la reproduction du bois d’œuvre. Il en est de même en Finlande, où cependant l’état possède heureusement un tiers des forêts ; à portée de la mer, des rivières et des lacs, on n’y voit plus d’arbres faits.

Reste encore inabordée la grande forêt du nord de la Russie, 50 ou 100 millions d’hectares entre le lac Onega et les terrasses de l’Oural, dans les gouvernemens d’Arkangel, Vologda, Perm et Olonetz. L’état, propriétaire de cette forêt, n’y exploite pas en moyenne un décistère par hectare et par an. On dit en Russie que la production dépasse beaucoup ce chiffre minuscule ; mais quelle est-elle dans les plaines tourbeuses de ces hautes latitudes ? Jusqu’à présent on n’y fait pas commerce de bois de construction, et il n’en sort guère que de la potasse. Quoi qu’il en soit jamais, si quelque chemin de fer permettait un jour d’aller chercher les pins de la Dwina du nord et les mélèzes de la Petchora, à 800 ou 1,000 kilomètres de Pétersbourg, quel en serait le prix ? C’est là le nœud de l’affaire. Les résineux ne feront pas défaut, comme le chêne, d’ici à vingt ou trente ans ; mais le prix s’en élèvera : toute la question est de savoir dans quelle mesure. Les données que nous possédons sur les ressources étrangères ne permettent pas de la résoudre.

La prévision d’une hausse inévitable du prix des bois résineux dans un avenir prochain doit servir de point de départ au règlement des exploitations, et la modération en sera généralement la meilleure règle. À cet égard quel est d’abord l’intérêt des simples