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Les plaines et les routes d’Achaïe sont partout plantées d’oliviers, qui sont déjà et deviendront dans peu de temps d’un excellent rapport. Moins grands que nos oliviers de Provence, ceux de Grèce sont trapus, vigoureux, et en si grand nombre qu’ils pourraient à eux seuls faire la fortune d’une province. On n’avait pas songé jusqu’à présent à Aigion à tirer parti de l’huile excellente qu’ils produisent, autrement qu’en la vendant tant bien que mal dans le pays. On n’en avait ainsi qu’une seule qualité, qu’on employait à tous les usages, et j’ai vu pour mon compte, dans des maisons aisées, recourir alternativement au même broc pour assaisonner une salade et renouveler l’huile d’une lampe. Un des grands propriétaires du pays, M. S. Messinési, a eu l’idée depuis trois ans d’exporter à Londres, en même temps que ses raisins, les tonneaux d’huile d’olive qui encombraient ses caves. L’essai réussit, et il a trouvé dès lors de nombreux imitateurs.

Il y a pourtant sur ce point bien des innovations à faire. Les machines à presser, encore adoptées dans le pays, sont très simples, mais si imparfaites qu’elles ne tirent pas des olives la moitié de l’huile qu’elles devraient en exprimer. Elles se composent de deux pièces distinctes : la première consiste en un grand bassin rond en pierre, au milieu duquel est fixée une énorme poutre mobile et verticale, à laquelle sont adaptées deux lourdes meules en granit qui tournent avec la poutre. On verse les olives dans le bassin qui tient lieu de mortier, et un cheval, attelé à côté d’une des deux meules, tourne lentement les yeux bandés. C’est le travail préparatoire ; les olives sont écrasées. Le second appareil est plus simple encore : c’est la presse. Un long sac de paille et de joncs tressés en forme de cône est placé entre deux poutres ; une troisième poutre plus large, placée sur les deux autres, soutient une grosse vis de bois, qui la traverse et qui porte à son extrémité inférieure une solide plaque ronde qui vient s’appliquer sur le sommet du sac ; une barre de fer horizontale à poignée traverse son extrémité supérieure, et deux hommes montés sur la poutre transversale tournent alternativement la vis, qui descend avec la plaque et presse les olives écrasées ; le sac alors s’abaisse et l’huile coule de tous côtés, tombant d’abord dans un canal de bois circulaire et de là, par un long tuyau, dans une cuve placée en face de la machine. On renouvelle cette opération trois ou quatre fois par jour ; mais, quels que soient les efforts des ouvriers et la surveillance du propriétaire, un appareil mieux construit et perfectionné tirerait certainement des rebuts que l’on jette une quantité considérable encore d’huile, et il est à penser que, si l’exportation continue et prospère, on suivra l’exemple de Mme  Panagiotopoulos, qui a compris les bénéfices de production