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a trouvé un local qu’on a pu provisoirement utiliser comme observatoire en louant à cet effet une partie des bâtimens.

Les premières cavalcades qui de Bagnères s’acheminent vers le pic partent très souvent en juin, quelquefois en mai ou même en avril ; mais le pic a été visité aussi plus d’une fois par des cavalcades parties de Bagnères au cœur de l’hiver. À cette époque de l’année, par les jours clairs et froids, on y monte par les vallons d’Arises et de Sencours, et, quand la neige est dure, par le Tourmalet. En été, on a encore la route qui de Barèges conduit au pic par la vallée du Bastan ; mais ce chemin est dangereux pendant l’hiver à cause des avalanches qui alors rendent la vallée inhabitable. On songe maintenant à relier le col du Tourmalet à l’hôtellerie de Sencours par une voie carrossable qui n’aurait guère plus de 3 kilomètres de longueur ; ce tronçon de route achèverait de mettre l’établissement en communication facile avec les stations thermales des environs.

Depuis le siècle dernier, le Pic-du-Midi de Bigorre a fixé l’attention des astronomes, des physiciens et des naturalistes. Le premier savant qui ait songé à la création d’un observatoire au sommet du pic semble être l’astronome François de Plantade, à qui l’on doit aussi une des premières descriptions scientifiques de la couronne lumineuse des éclipses. Il lit plusieurs voyages au pic, et il y mourut subitement le 25 août 1741, ses instrumens d’observation à la main, sur un mamelon auquel on. a donné son nom. C’est ensuite Darcet qui, après avoir mené à bonne fin diverses recherches dans les Pyrénées, obtient en 1786 de Philippe d’Orléans la promesse d’une somme de 80,000 francs qui doit être affectée à la fondation de l’observatoire du Pic-du-Midi. Les événemens qui survinrent empêchèrent l’accomplissement de ce projet ; mais pendant les vingt dernières années du XVIIIe siècle beaucoup d’observations isolées ont été effectuées au sommet du pic à diverses époques. Il faut d’abord citer le nivellement exécuté en 1786 par Vidal et Reboul, « afin de graduer cette montagne pour les observateurs qui voudront s’y établir. » Les deux physiciens de Toulouse laissèrent sur la plateforme du sommet une cabane dont on a retrouvé les fondations sous le gazon quand la société Ramond fit construire au même point un petit abri appelé Pavillon-Darcet, qui est comme la pierre d’attente du futur observatoire. Le chevalier d’Angos fit au Pic-du-Midi de longues séries d’observations, qui n’ont pas été publiées[1]. Viennent ensuite les admirables recherches de Ramond, qui servent

  1. D’après M. Vaussenat, les manuscrits sont éparpillés entre les mains des héritiers et aussi au ministère de l’intérieur.