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céros fossiles, descendans des Palæotherium, les os du nez sont plus développés et portent une ou deux cornes. Le rhinocéros unicorne d’Asie se rattache à deux rhinocéros fossiles, celui de Sansan dans le Gers et celui d’Eppelsheim sur les bords du Rhin. Les affinités du rhinocéros bicorne d’Afrique avec celui provenant des argiles rouges de Pikermi, près d’Athènes, ont été signalées par un éminent paléontologiste, M. Gaudry, qui a découvert et décrit ce dernier animal sous le nom de Rhinoceros pachygnathus. On connaît trois espèces de tapirs vivans : une dans l’Inde, les deux autres dans l’Amérique méridionale. De véritables tapirs fossiles des terrains tertiaires supérieurs, leurs prédécesseurs immédiats, descendent eux-mêmes des Lophiodon du commencement de l’époque tertiaire.

Étudions encore les solipèdes, représentés actuellement par les différentes espèces de chevaux et d’ânes. Ce qui caractérise ces animaux, c’est de marcher sur un seul doigt terminé par un sabot, tandis que les pachydermes ont deux ou plusieurs doigts ; mais la paléontologie nous a fait connaître une série d’animaux par lesquels, en partant des pachydermes, on arrive insensiblement aux chevaux actuels : ainsi l’Archippus avait quatre doigts aux pieds de devant ; le Palæotherium trois, celui du milieu étant plus large que les deux latéraux, l’Hipparion en avait trois également, mais les deux latéraux étaient très amoindris. Enfin dans le cheval actuel les doigts latéraux sont réduits à deux stylets osseux cachés sous la peau et sans usage : l’animal marche sur un seul doigt. De même l’os extérieur de la jambe, le péroné, entier dans le Palæotherium, se réduit également chez le cheval à un court stylet incapable de fortifier le membre dont il fait partie. Ainsi le cheval, l’animal le plus rapide et le plus élégant de la création, descend de lourds pachydermes antédiluviens. On sait combien l’homme a pu faire varier et améliorer les races chevalines qu’il a créées par la sélection artificielle et un entraînement judicieux. L’animal a été profondément modifié dans ses formes extérieures, cependant on voit quelquefois réapparaître le second doigt ou un rudiment du cinquième métacarpien et un autre os qui existaient chez l’Hipparion, ancêtre du cheval. Il existe des individus qui offrent accidentellement une raie noire le long de l’épine dorsale ou des vergetures sur les flancs, indices de la parenté du cheval, de l’âne, du zèbre, de l’hémione et du dauw, chez lesquels cette raie ou ces vergetures sont constantes : nouvelle preuve qu’ils ont tous une souche commune dont ils sont les descendans diversifiés. Donnons un dernier exemple emprunté à l’ordre des carnassiers. M. Gaudry a découvert dans les argiles rouges de Pikermi, près d’Athènes, une hyène[1] intermédiaire entre la hyène

  1. Hyena eximia.