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expresse du contrat lui donnerait à cet égard toutes les garanties nécessaires. Elle entendait bien n’être jamais obligée de quitter l’Angleterre contre sa volonté ; il fallait stipuler en outre que son premier départ n’aurait pas lieu avant que sa résidence d’Angleterre fût constituée d’une façon définitive. Pourquoi ne s’occupait-on ni d’installer sa demeure, ni de régler le personnel de sa cour ? Tout cela lui inspirait les plus sérieuses inquiétudes pour l’avenir.

Cette lettre causa une vive irritation au régent. Il n’y répondit point. Seulement trois jours après, le 18 avril, il manda chez lui miss Knight, la gouvernante de la princesse, et sa colère fit explosion. « La princesse, dit-il, élève des prétentions inadmissibles ; ses exigences sont incompatibles avec ses devoirs de femme. Si elle y persiste, le mariage sera rompu, et alors, qu’elle le sache bien, je ne consentirai pour elle à aucune autre union. Elle n’a que trop de libertés ; le mariage rompu, je me verrai forcé de les restreindre. Je l’avais avertie dès le commencement qu’il serait juste et convenable qu’elle passât au moins la moitié de l’année en Hollande. Répétez-lui tout cela et venez demain me rapporter sa réponse. » Le lendemain, miss Knight rapportait au régent la réponse écrite de la princesse Charlotte ; la princesse déclarait à son père qu’il lui était impossible de rien changer à sa demande. Miss Knight, qui s’attendait à une nouvelle explosion, trouva le régent beaucoup plus calme que la veille ; le prince de Galles avait prévu sans doute la persistance de sa fille, il se contenta de dire que son frère, le duc d’York, irait traiter la question avec elle.

Le même jour en effet le duc d’York se rendit chez la princesse Charlotte, accompagné de M. Adam, chancelier de Cornouailles. De tous les frères du prince de Galles, de tous les enfans de George III, le duc d’York était celui qui inspirait le plus de confiance à la princesse Charlotte. Quant à M. Adam, c’était le jurisconsulte qui lui avait enseigné les élémens de la législation anglaise ; de plus il était l’oncle de miss Mercer-Elphinstone, sa compagne et son amie. Les deux ambassadeurs, tout en tenant le même langage que le régent, ajoutèrent quelques paroles rassurantes ; le chiffre considérable de la somme qui serait demandée au parlement pour la liste civile de la princesse montrait bien, dirent-ils, qu’on avait l’intention de fixer en Angleterre son principal établissement. La princesse écouta sans répondre, puis, l’entrevue terminée, elle écrivit au duc d’York qu’elle persistait dans les déclarations qu’elle avait faites au régent. Le duc d’York lui demanda en vain une nouvelle entrevue, la princesse s’y refusa, et comme le duc avait fait allusion aux mauvais conseils que lui avaient donnés sans doute des membres de l’opposition : « N’en croyez rien, écrivit-elle, le seul motif pour lequel je persiste à demander la clause dont il s’agit, c’est ma