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LES SOUVENIRS
DU
MÉDECIN DE LA REINE VICTORIA

II.
LE PROCES ET LA MORT DE LA REINE CAROLINE.

La princesse Charlotte vient de mourir à l’âge de vingt-trois ans, et toute l’Angleterre est en deuil[1] ; où est sa mère, la princesse de Galles ? Exclue en 1814 des fêtes données par son mari le prince-régent aux souverains, aux princes et aux maréchaux vainqueurs dans la coalition de l’Europe contre Napoléon, il y a plus de trois ans qu’elle a quitté Londres et s’est retirée sur le continent. Elle est allée d’abord en son pays natal, à la cour de Brunswick, elle y a passé quelque temps, puis elle a parcouru l’Allemagne, l’Italie, la Grèce, la Turquie, la Palestine et les côtes barbaresques ; revenue de là en Italie, elle habite alternativement deux maisons de campagne achetées par ses ordres, l’une aux bords du lac de Côme, l’autre à Pesaro dans les états romains. C’est là qu’elle apprend par les journaux la mort de sa fille Charlotte ; le prince-régent, toujours implacable dans sa haine, n’a pas même voulu que la malheureuse mère en fût officiellement informée. « Au reste, a dit éloquemment Brougham, si elle n’eût appris par hasard le coup terrible qui venait de la frapper, elle n’eût pas tardé à s’en ressentir. La

  1. Voyez, dans la Revue du 1er janvier, la première partie de ces études, la Princesse Charlotte.