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UNE
SECTE RELIGIEUSE ET POLITIQUE
EN DANEMARK

GRUNDTVIG ET SES DOCTRINES

Jamais peut-être la religion n’a été plus vivement attaquée que de notre temps. Ce n’est plus seulement avec les sarcasmes de Voltaire et de Bolingbroke, c’est avec les armes plus terribles de la science et de la philosophie qu’on donne aujourd’hui l’assaut contre les doctrines révélées. Pourtant l’esprit religieux n’est pas mort ; loin de là, la vitalité s’en manifeste à nos yeux tous les jours. Dans les pays protestans surtout et aussi dans l’empire de Russie, de nombreuses sectes nouvelles, — signe évident d’activité religieuse, — naissent et prospèrent depuis un siècle. Sans parler des mormons polygames, ni de ces sectaires russes, imitateurs d’Origène, dont le cas doit être rangé parmi les monstruosités, on pourrait citer le puséisme, la high et la broad church en Angleterre, l’irvingianisme en Angleterre et en Amérique, et bien d’autres doctrines toutes greffées sur le vieux tronc du christianisme, dont plusieurs ont été l’objet ici même d’intéressans travaux. Nous voudrions ajouter un chapitre à ce genre de recherches par l’étude d’une secte danoise dont le fondateur, l’évêque luthérien Grundtvig, est mort, il y a trois ans, à Copenhague, et que nos voyages en Danemark nous ont permis d’observer de près.

Les grundtvigiens se plaisent à remonter aux premiers siècles du christianisme pour chercher dans la parole même du Christ le fondement de la foi ; mais Grundtvig, en même temps qu’un