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chèque tiré sur une banque. Avant le moment de l’arrivée, un homme monte dans le train ; il vous demande vos chèques, vous les lui remettez, si vous voulez. Il vous rend en échange un petit papier, détaché quelquefois d’un registre à souche. Sur ce papier sont indiqués le nombre et le numéro de vos colis. Vous payez en retour autant de fois 25 cents (1 fr. 25 centimes) que vous avez de pièces, et souvent vous ne payez qu’après réception. Si vous désirez avoir une place d’omnibus pour descendre dans un hôtel ou dans tel quartier de la ville où vous êtes arrivé, le même agent vous la fournit. Le prix est d’habitude le même que pour un colis, si ce n’est le double. Peu après votre arrivée à l’hôtel ou à domicile, vos bagages vous sont remis. Pas une minute d’attente, pas d’ennuis d’aucune sorte, pas de pourboires à donner aux facteurs. N’allez pas au moins par méfiance essayer de retirer votre bagage vous-même ; vous seriez le dernier servi. On vous ferait passer après la puissante corporation des express, qui font ce service à la satisfaction universelle du public, avec une fidélité ponctuelle, une loyauté à toute épreuve. Il est bien rare qu’un bagage se perde par la faute de l’express ou du chemin de fer. S’il a suivi une fausse direction, on met le télégraphe enjeu, on le retrouve vite. En cas de perte, les chèques ou le papier correspondant servent de preuve, et une juste indemnité est payée. Quant aux bagages laissés en dépôt à la gare d’arrivée et qui ne sont pas réclamés, la compagnie n’exige pour eux aucun droit de garde ; mais si, au bout d’un an et un jour, on ne les a pas retirés, elle les fait vendre à l’encan tels quels, non ouverts ; les amateurs les apprécient au poids et enchérissent en conséquence.

Au départ pas plus qu’à l’arrivée des trains, aucun obstacle, aucune difficulté, aucune barrière. La gare est accessible à tous indistinctement, le public circule partout comme il lui plaît. On ne parque, on ne met personne sous clef. On délivre des billets jusqu’à la dernière minute, et les amis, les parens qui accompagnent le voyageur peuvent le suivre jusqu’à sa voiture, monter même un moment avec lui, et n’en descendre qu’à l’instant précis où le train se mettra en marche, ce qu’il fait très lentement. On trouve des billets de chemins de fer dans tous les hôtels, dans les bureaux de ville des compagnies et dans certains bureaux particuliers de messageries. On peut, même y porter et y faire enregistrer ses bagages. On arrive ainsi à la gare sans mille préoccupation, sans embarras. En été, des trains de plaisir s’organisent dans toutes les directions. A toutes les époques de l’année, le mouvement est incessant. Quand il s’agit d’un long parcours, de New-York au Niagara ou à Pittsburg, voire à Chicago, Omaha, Saint-Louis, la Nouvelle-Orléans, les compagnies luttent entre elles pour se disputer le voyageur et lui donnent avec son billet une carte fantastique où leur ligne est indiquée toujours