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Xe siècle. Elle reproduit fidèlement, en très petites dimensions, le plan de Sainte-Sophie. Un incendie a détruit la coupole, remplacée par une toiture en bois. Dans les autres églises, d’une époque moins primitive, la croix n’est plus inscrite dans un carré, et dessine à l’extérieur son ossature ; des absides semi-circulaires terminent le chevet et les transepts. Dans quelques édifices, comme à Iviron, des absidioles s’interposent entre les branches ; mais le principe générateur est partout identique : une coupole centrale, suspendue sur quatre arcs à plein cintre, que supportent un nombre égal de pilastres isolés. Des coupoles plus petites surmontent le narthex et les absides : des dômes ou des lanternons cannelés accusent à l’extérieur ces dispositions. À l’intérieur, les trois divisions sont fidèlement respectées : le chœur, le narthex, l’éso-narthex ; cette dernière n’est généralement qu’un cloître à arcades : pourtant, dans quelques cas, à Chilandari entre autres, l’éso-narthex est fermé et surmonté d’une sixième coupole. Cette église est une des plus anciennes après Karyès ; certaines de ses parties peuvent être contemporaines du fondateur, au XIIe siècle. Des chapiteaux, des modillons sculptés d’une époque bien antérieure ont été employés par l’architecte. Elle mesure à peine 27 ou 28 mètres de longueur et 15 d’élévation à la coupole : la longueur et la hauteur des trois divisions sont progressives ; nous croirions que cette progression était réglée autrefois par un canon spécial. La majeure partie des autres monumens que nous avons visités peut être reportée du XVIe au XIIIe siècle ; quelques-uns sont datés par leur charte de fondation, reproduite sur le mur, d’autres par les portraits des fondateurs, qui attendent humblement dans le narthex, offrant dans leurs mains le modèle de l’église bâtie par eux, comme l’hospodar moldave de Saint-Denys (XIIIe siècle), le voïvode Mathaïès Bassaraba à Xénoph (XVIe siècle). Celles d’Iviron et de Lavra ne sont probablement pas antérieures au XVe siècle.

Le seul intérêt de tous ces édifices est de fixer des dates et des points de repère. On y trouverait malaisément quelque chose à louer. Déprimée, lourde et mesquine à la fois, cette architecture n’a pas une ligne franche, pas une proportion heureuse ; rien n’arrête l’œil dans les profils sinueux, fuyans, de l’extérieur, rien ne le charme dans les détails intérieurs : les colonnes et les pilastres sont trop courts pour leur diamètre, comme à toutes les basses époques ; les chapiteaux qui les terminent, renflés du bas et s’étrécissant avant de recevoir le tailloir, sont parfaitement disgracieux ; des baies trop étroites, percées en trèfle dans les absides, éclairent mal le chœur, et le narthex est plongé dans une obscurité complète. — Nous ne nous étonnerons pas de cette impuissance des maçons athonites. L’architecture est l’art synthétique par excellence ; ce n’est