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y trouve aussi annexé un mémoire de M. Hübner sur les mines de diamans du Cap, qui venaient d’être découvertes à l’époque où se fit ce voyage. En outre, les scènes de mœurs curieuses abondent dans le récit du chasseur brêmois, qui serait réellement attachant, si on n’y rencontrait pas parfois des réflexions peu faites pour lui gagner les sympathies du lecteur français. Il n’y aurait rien d’étonnant à ce que son livre donnât à d’autres chasseurs l’envie de visiter le bassin du Zambèse, car il soutient et il prouve que, pour voyager impunément dans cette partie mystérieuse du monde, il ne faut en somme qu’une robuste santé et beaucoup de patience.



Œuvres poétiques de Lamartine (édition elzévirienne), Paris 1875 ; Jouvol, — Pagnerre, — Hachette.


Il y a plus de cinquante ans aujourd’hui que les premiers vers de Lamartine ont été donnés au public. Depuis cette époque, ils se sont répandus partout, et l’on en a fait des éditions innombrables. Aussi, quand les héritiers et les éditeurs du grand poète ont songé à les publier de nouveau, d’une façon plus somptueuse et plus soignée, ils n’ont paru le faire qu’avec toute sorte d’hésitations. Leur préface demande presque pardon au public de cette édition nouvelle qu’ils lui offrent après tant d’autres ; ils déclarent qu’ils ne s’adressent qu’aux amateurs de beaux livres, qu’ils ne veulent satisfaire « que les esprits d’élite, » et, comme ils savent bien qu’il ne s’en trouve pas beaucoup, ils n’ont tiré qu’un nombre assez restreint d’exemplaires. Le succès a montré que leurs craintes n’étaient pas fondées : l’édition entière était placée avant d’être mise en vente.

Cet empressement, sur lequel on ne comptait pas, nous prouve que le public n’est pas fatigué de Lamartine. Certes, depuis 1820, il s’est accompli plus d’une révolution dans le goût des lecteurs ; de grands poètes, appartenant à des écoles différentes, ont attiré l’attention sur eux, et la jeunesse, à qui les changemens ne déplaisent pas, a lu leurs vers avec transport ; mais ces admirations nouvelles n’ont pas fait beaucoup de tort a Lamartine, nous voyons qu’on a gardé l’habitude de l’acheter et de le lire. Après avoir ébloui les pères, il est en train de charmer les fils, et tout nous prouve que sa réputation n’a rien à craindre des générations nouvelles. C’est toujours une épreuve redoutable pour un écrivain que d’entrer dans la postérité. Il tient d’ordinaire à son temps par tant de liens qu’on peut toujours craindre qu’il ne soit un peu dépaysé quand il en sort. Plus il a fait d’efforts et de sacrifices pour plaire à ses contemporains, plus il doit redouter de n’être plus goûté de leurs successeurs. Ce qui lui donne les succès les plus vifs auprès des