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dans les sciences naturelles, quelques-uns dans l’allemand, d’autres encore dans les langues étrangères ou enfin dans le latin. Un disciple de Herbart insinue que le centre, c’est l’intelligence de l’élève ; un directeur a répliqué que c’était le personnel des professeurs. Il est clair que cette polémique, comme toutes celles où les mots jouent le principal rôle, pourra encore être continuée longtemps. Ce qui est plus important, c’est l’ordre dans lequel doivent se succéder et se superposer ces connaissances. Tandis que l’étude du français et des élémens de l’histoire naturelle commence dès les plus basses classes, on n’aborde la géométrie que vers la douzième année : la physique et la chimie sont réservées pour la fin des études.

Telle est la realschule, ou du moins telle elle devrait être, car il faut maintenant montrer quel en est le côté faible et dire le mal dont elle souffre. Le plus petit nombre seulement des élèves va jusqu’au bout des classes : une fois qu’ils ont acquis les connaissances, qu’eux ou leurs familles jugent suffisantes, ils quittent l’école pour entrer dans l’industrie, dans le commerce, dans l’économie agricole. Les chiffres que publient à ce sujet les statistiques allemandes sont significatifs. Après la seconde, dont le certificat donne droit au volontariat d’un an, il se produit une désertion presque générale[1]. Déjà avant cette classe les départs sont fréquens : le maximum d’élèves se trouve en cinquième et en quatrième. Aussi, malgré tous les avantages qui lui ont été accordés, la realschule n’est pas satisfaite. Elle a naturellement, il faut le dire, le tempérament inquiet et mécontent. Dans le conseil qui fut convoqué en octobre 1873 au ministère de l’instruction publique à Berlin pour délibérer sur un certain nombre de questions scolaires, quatre questions soumises à l’assemblée concernaient la realschule, et ce furent celles qui soulevèrent la discussion la plus prolongée et la moins concluante. Une véritable anarchie d’opinions se fit jour. Ce qui frappe surtout, c’est que tous les fonctionnaires qui par leur position appartiennent à la realschule demandent des réformes et des remaniemens. Les uns veulent la création d’un nouvel enseignement sans latin qui soit un intermédiaire entre l’école et la realschule, d’autres proposent l’incorporation de cette dernière dans le gymnase ; quelques-uns veulent pour elle un élargissement, quelques autres une restriction du plan d’études. Au contraire elle trouve ses panégyristes et ses défenseurs parmi les directeurs de gymnases. La raison de

  1. A Carlsruhe, en 1872, sur 244 élèves, 24 sont en seconde, 4 en première. A Mannheim, sur 314 élèves, il y en a 40 en seconde et seulement 4 en première. D’après un travail d’ensemble, sur 100 élèves, il en arrive moins de 10 jusqu’à l’examen de maturité.