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est entraîné par le courant équatorial vers les régions tempérées de l’Europe, et se résout en pluie à mesure que la température s’abaisse, ou que des circonstances locales provoquent la condensation des vapeurs en suspension ; mais, lorsque ce courant revient du pôle, il a perdu à peu près toute l’humidité qu’il renfermait, et, comme il traverse des contrées de plus en plus chaudes, il peut en absorber une quantité de plus en plus grande avant d’arriver à l’état de saturation, et devient un vent desséchant. Dans notre hémisphère, il existe un double courant équatorial prenant naissance l’un sur l’Océan-Pacifique, l’autre sur l’Atlantique. Ce dernier suit à peu près le courant marin du gulf-stream, s’infléchit vers l’est en avançant vers le nord, et devient un vent d’ouest à la hauteur de la Suède et de la Finlande. Parvenu dans ces régions et déjà sensiblement refroidi, il se transforme en courant polaire, s’étend sur l’ancien continent et revient à l’équateur en soufflant du nord-est, après avoir passé sur l’Europe orientale et sur une partie de l’Asie.

Telle est la direction générale des grands courans dont le lit cependant se déplace dans de certaines limites par des causes encore peu connues. On peut néanmoins tirer de ces données des indications précieuses qui permettent de savoir à l’avance quel sera le caractère d’une saison. Lorsque le courant équatorial passe sur l’Europe, on peut prédire que l’hiver y sera tiède et humide, l’été froid et pluvieux ; lorsqu’au contraire nous nous trouvons sur le chemin du courant polaire, l’hiver sera sec et froid, l’été sec et chaud ; enfin lorsque nous sommes sur la limite des deux courans, nous subissons des alternatives de pluie et de beau temps. Ce ne sont là toutefois que des indications générales, qui fournissent un des élémens du problème, mais qui n’en donnent pas la solution complète, parce que bien des circonstances diverses viennent en modifier les termes.

L’une de ces circonstances, et non la moins importante, est l’action de la lune. Cette action, niée par Arago et par de nombreux savans après lui, est au contraire considérée comme capitale par tous les cultivateurs et par tous les marins depuis la plus haute antiquité, et il paraît difficile que dans ce cas l’opinion générale n’ait pas raison contre ces savans. Dans un opuscule intitulé la Pluie et le beau temps, M. Gauckler, ingénieur des ponts et chaussées, a cherché à donner de l’influence lunaire une explication scientifique. Pendant sa rotation diurne, la terre présente successivement tous ses méridiens à son satellite, qui, en vertu de la loi de gravitation, produit des marées atmosphériques comme elle produit des marées maritimes. D’autre part la lune, dans sa révolution autour de la terre, se transporte tantôt au nord, tantôt au sud de l’équateur, et par conséquent traverse deux fois l’anneau équatorial, au moment