Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 9.djvu/437

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cours sans avoir besoin d’en référer au département de l’instruction publique à Stockholm. Elles font subir les examens, et sont compétentes pour faire des propositions au roi en vue de remplir les chaires vacantes.

A côté des professeurs titulaires nommés ainsi par le gouvernement, mais sur présentation, les facultés suédoises comptent un nombre assez considérable de professeurs adjoints (adjuncter) nommés par le chancelier. Les premiers reçoivent un traitement d’environ 6,600 francs ; toutefois, pour les professeurs de théologie, le traitement est remplacé par les revenus d’une cure de la ville ou de la banlieue, dans laquelle ils sont suppléés pour le service quotidien par des vicaires. Les adjoints n’ont que la moitié du traitement des professeurs : ils ne peuvent être ni doyens, ni membres des consistoires académiques ; leur rôle est à peu près celui des agrégés de nos facultés de droit. Un certain nombre de chaires sont dues à la générosité de riches particuliers désireux de faire passer leur nom à la postérité en l’attachant à une fondation utile : telle est à Upsal la chaire d’éloquence et de statistique (union assez bizarre), créée en 1709 par le conseiller d’état Skytte. Le titulaire, qui est aujourd’hui l’éloquent professeur Svedelius, « un des dix-huit de l’Académie suédoise, » habite une maison léguée à cet effet, ainsi que l’indique une inscription gravée sur la muraille.

Au-dessous des professeurs et au-dessus des étudians, dans une situation intermédiaire, se placent les docenter, qui correspondent aux privat-dozenten de l’Allemagne. Ce sont des jeunes gens qui, après avoir subi certains examens, obtiennent de la faculté la permission d’enseigner à leur tour sans recevoir aucun traitement de l’état. Ils font ainsi une sorte de stage pour arriver à devenir adjoints, puis professeurs. Grâce à ces trois classes de professeurs, le personnel enseignant en Suède est beaucoup plus considérable que dans nos facultés françaises. Il y avait à Upsal, en 1873, 34 professeurs titulaires, 27 adjoints, 46 docenter, et à Lund 28 professeurs titulaires, 21 adjoints et 12 docenter, — en tout 107 professeurs à Upsal et 61 à Lund ! Il faut aller dans les grandes universités d’Allemagne pour retrouver de pareils chiffres, qui sont singulièrement éloquens.


II

J.-J. Ampère, qui visita les pays Scandinaves vers la fin de la restauration et passa quelque temps à Copenhague, qualifie d’effrayant le programme des connaissances exigées pour suivre les cours de l’université danoise. Ce qui était vrai alors à Copenhague