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L’urgence d’une réforme s’impose à tous. Les uns voient le remède dans un retour aux anciennes universités supprimées par la révolution, les autres dans la liberté de l’enseignement supérieur. Quoi qu’il advienne des projets soumis à l’assemblée nationale, il est probable que nous verrons renaître en France des centres d’études plus ou moins semblables à ceux qui existent à l’étranger. À ce titre, il ne saurait être indifférent d’étudier les institutions universitaires des différentes contrées de l’Europe. Les universités d’Allemagne et d’Angleterre, grâce à de récens travaux, sont aujourd’hui bien connues ; celles des états Scandinaves ne méritent pas moins de l’être. En Suède particulièrement, il y a ceci de remarquable que, tandis que le Danemark et la Norvège calquaient absolument les hautes écoles allemandes, Upsal et Lund conservaient leurs institutions spéciales, dans lesquelles on peut discerner encore de lointaines réminiscences de l’université de Paris, la première et la mère de toutes les autres.


I

Dès l’âge héroïque de l’histoire Scandinave, Upsal apparaît comme la capitale religieuse des Suédois. La tradition populaire et la littérature des sagas ont perpétué le souvenir de ce merveilleux temple d’Odin où les peuplades riveraines du lac Mâlar venaient célébrer en commun leur culte. L’ancienne ville était assise sur l’emplacement du village appelé aujourd’hui le vieil Upsal (Gamla Upsala), dont l’église, fondée sur les assises du temple païen, s’élève au pied des trois grands tumulus qui, suivant la légende, sont les tombeaux d’Odin, de Thor et de Freya. Quand le christianisme eut remplacé la religion nationale, les nouveaux convertis s’empressèrent de brûler le sanctuaire du dieu détrôné ; mais Upsal devint la métropole catholique de la Suède du nord. Il en est presque toujours ainsi quand une religion succède à une autre : le peuple, qui n’aime point à rompre avec les vieux usages, continue d’offrir ses hommages au dieu nouveau, au lieu même où il était accoutumé d’aller adorer l’ancien.

La science étant au moyen âge l’apanage exclusif du clergé, Upsal devait être la ville savante du royaume par cela même qu’elle en était la métropole religieuse. Avant l’université, elle possédait une école cathédrale où l’on enseignait le latin ; cependant les jeunes’ gens désireux d’une instruction un peu étendue étaient dans la nécessité de l’aller demander aux pays étrangers. Paris attirait un assez grand nombre d’étudians Scandinaves : un riche Suédois nommé And acheta même au XIIIe siècle une maison située rue