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L’attaque de Hill tombe sur Rodman, qui est contraint de faire face à gauche. Il laisse ainsi entre sa droite et la gauche de Wilcox un espace vide, dans lequel la brigade Archer, suivie par Branch et Pender, pénètre aussitôt. Cette attaque de front est soutenue par Toombs, qui se joint à Hill pour presser le flanc gauche des fédéraux. Exposée à un feu concentrique, la division Rodman fait des pertes cruelles, voit son chef mortellement blessé et cède du terrain. Le désordre la gagne bientôt. Heureusement pour elle, la brigade Scammon, de la division Cox, faisant à son tour un changement de front à gauche, arrive à propos pour la soutenir et interrompre le succès de Hill ; mais les confédérés reviennent à la charge, voulant à tout prix arrêter la marche du 9e corps. Celui-ci se trouve, comme tout à l’heure Sedgwick, compromis par les progrès mêmes qu’il a faits. Obligé de combattre à la fois sur sa gauche et sur son front, il voit sa droite non moins exposée. Une seule brigade, celle de Warren, du corps de Porter, a été envoyée pour le soutenir de ce côté ; le reste de l’armée ne s’est pas ébranlé. Cox, qui a le commandement du 9e corps, appelle à lui la division Sturgis et soutient encore quelque temps le combat ; mais ses pertes augmentent, la nuit approche, il est évident que l’ennemi ne lui permettra pas d’atteindre Sharpsburg. Isolé, de plus en plus pressé, il est forcé de se replier sur la ligne des collines qui bordent l’Antietam, et dominent les passages conquis quelques heures auparavant.

Les confédérés se bornent à le suivre à distance en soutenant le feu avec leur artillerie, et bientôt l’obscurité vient mettre un terme au combat. La bataille de l’Antietam était terminée. C’était la plus sanglante de toutes celles qui eussent encore été livrées dans cette guerre. Les pertes des fédéraux s’élevaient à 2,010 tués, 9,416 blessés et 1,043 prisonniers, soit en tout 12,469 hommes, parmi lesquels se trouvaient 8 généraux, dont 2 chefs de corps et 3 divisionnaires. Celles de Lee étaient relativement au nombre de ses troupes, plus grandes encore. Il comptait près de 1,600 tués, parmi lesquels 2 généraux : Starke et Branch. Ses blessés étaient au nombre de près de 7,000, sans y comprendre ceux qui étaient tombés aux mains de l’ennemi. Sa petite armée avait donc été réduite de 10,000 hommes au moins dans cette seule journée. Il avoua une perte totale de 1,567 tués et 8,724 blessés pour les combats de Cramptons-Gap, Turners-Gap, Harpers-Ferry, et pour la bataille de l’Antietam. Ces chiffres ne concordent pas exactement avec ceux de ses subordonnés, qui sont, pour la plupart, un peu plus élevés. Il ne donne pas le nombre des prisonniers valides qu’il laissa aux mains des fédéraux ; mais Longstreet en accuse 1,310 pour son corps, et D. H. Hill 925 pour sa division ; Mac-Clellan parle de 5,000 : on peut sans exagération les