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premières pentes, et suffit à tenir en échec la division Doubleday. A gauche, Ricketts a rencontré trois brigades de D. H. Hill, que celui-ci a détachées du centre confédéré pour soutenir Jackson. Dans la clairière même, Meade, demeuré seul et fort affaibli par les pertes qu’il a faites et par le désordre qui s’est introduit dans la plupart de ses régimens, reçoit aux approches de la route de Hagerstown une violente fusillade. En effet, Jackson a fait avancer, au secours de Starke, Lawton, avec la division qu’il tenait en réserve près de Dunker-Church ; postées à la lisière du bois, ces troupes fraîches ouvrent un feu meurtrier sur les fédéraux, qui, n’ayant aucun abri, s’arrêtent et reculent. Bientôt, voyant quelque hésitation dans leurs rangs éclaircis, Lawton reprend l’offensive. Les soldats de Starke se reforment et l’appuient. La première ligne fédérale est rompue ; heureusement pour elle, Mansfield arrive en cet instant à son secours. Appelé par Hooker, lorsque celui-ci avait trouvé près de Dunker-Church une résistance inattendue, ce vigoureux vieillard était accouru en toute hâte à la tête de ses troupes. Il est sept heures du matin. Le renfort est opportun, car le corps de Hooker fond à vue d’œil. Son chef ne veut pas cependant renoncer à la victoire. Il reforme sa ligne ébranlée, rappelle au centre Hartsuff avec la meilleure brigade de Doubleday, et revient à la charge. Il atteint de nouveau la lisière du bois ; mais là encore se brisent tous les efforts des fédéraux. Mansfield reprend l’offensive et déploie ses deux divisions en demi-cercle au milieu de la clairière. A gauche, dans les bois qui la bordent à l’est, Green, avec l’une de ses divisions, attaque les soldats de Hill, qui soutiennent le combat contre Ricketts. A droite, Williams s’appuie à la route de Hagerstown, et, la traversant bientôt, il cherche à enlever les bois et la colline qui s’étendent à l’ouest, pour déborder et prendre ainsi à revers les défenseurs de Dunker-Church. Les troupes de Jackson plient devant ce nouvel effort. Elles ont vu tomber leurs deux divisionnaires, Starke et Lawton, récemment appelés à ce poste d’honneur et de danger où l’on se succède si rapidement. Le premier est tué, le second blessé ; plusieurs autres généraux, presque tous les colonels, ont été atteints. Certaines brigades ont laissé un tiers, d’autres la moitié de leur effectif sur le terrain. Le corps de Jackson est anéanti pour le moment.

Mais les fédéraux ont fait des pertes égales. Mansfield a été tué au début de l’action. Ses deux faibles divisions, composées en partie de soldats enrôlés depuis peu de jours seulement, avaient déjà perdu par la marche une partie considérable de leur effectif. Exposées à un feu très violent, elles ont été fortement ébranlées malgré leur succès. A droite, sur les pentes de la colline qui domine