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Lee avait choisie compensait en partie sa grande infériorité numérique. Obligé, par les manœuvres rapides de Mac-Clellan, de s’arrêter avant d’avoir pénétré en force dans la Pensylvanie, il avait abandonné Hagerstown et le cours supérieur de l’Antietam. Nous avons montré ce ruisseau formant un angle aigu avec la direction générale du Potomac ; la péninsule comprise entre ces deux cours d’eau est étranglée par un large coude du second, qui, inclinant à l’est avant leur confluent, se rapproche jusqu’à 4 kilomètres de la vallée de l’Antietam. C’est dans cette péninsule que Lee attendait l’attaque de Mac-Clellan. Le centre en est occupé par la petite ville de Sharpsburg ; le terrain est fortement ondulé, hérissé de rochers, couvert à peu près également de bois et de cultures, parsemé de nombreuses fermes et de cabanes. Quatre routes principales sortent de Sharpsburg. L’une au nord, passant par l’isthme compris entre l’Antietam et le Potomac, se dirige sur Hagerstown. La seconde, au sud-ouest, conduit à Sheppardstown, sur la rive droite du fleuve, par un gué excellent en temps de sécheresse. La troisième, au sud-est, menant à Rohrersville, traverse l’Antietam sur un pont de pierre, à 1,600 mètres de Sharpsburg. La quatrième, au nord-est, mène à Boonesboro par Keedysville, village situé de l’autre côté de l’Antietam, et passe ce ruisseau à 1,600 mètres au-dessus de la précédente. C’est par celle-ci que les deux premières divisions de l’armée du Potomac avaient débouché le 15 au soir devant les positions ennemies. Parmi les nombreux chemins de moindre importance qui sillonnent la péninsule, il faut en citer deux : celui de Harpers-Ferry, qui serpente le long de la rive gauche du Potomac et passe l’Antietam près de son embouchure, et celui qui relie Williamsport, gros bourg assis plus haut sur le Potomac, à ce même village de Keedysville. Avant de croiser la route de Hagerstown, ce chemin passe l’Antietam à 4 kilomètres en amont du pont de la route de Sharpsburg à Keedysville, c’est-à-dire à peu près à la hauteur du commencement de l’isthme. L’Antietam est ainsi traversé par quatre ponts de pierre. Ceux des chemins de Boonesboro par Keedysville, de Rohrersville et de Harpers-Ferry, sont jetés sur la rivière dans la partie de son cours où elle cesse d’être guéable : ils offrent donc les seuls passages praticables pour franchir cet obstacle ; ils sont fort étroits, d’un accès difficile et entièrement commandés par les hauteurs de la rive droite. Négligeant le plus inférieur des trois, trop éloigné pour être dangereux, Lee n’avait à garder que les deux autres pour couvrir efficacement son front de ce côté. En amont du pont de la route de Sharpsburg à Keedysville se trouvent au contraire plusieurs gués assez, bons à cette époque de l’année. Aussi, au lieu de chercher à défendre cette partie du cours de l’Antietam